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de la marine et de s’approprier avant les autres, comme engin de guerre, un instrument qui semble créé pour nous. Dès que le succès ne se trouve pas au bout des méthodes consacrées par la tradition, n’est-ce pas le cas de se mettre à la recherche de méthodes nouvelles ? Il est plus aisé, sans doute, de suivre le sillon tracé et de s’endormir, au bruit d’éloges officieux, dans des positions faites et des habitudes prises ; mais le devoir de ceux qui servent et défendent la patrie n’est pas seulement de le faire comme ils l’ont appris, ils ont encore à s’assurer s’ils n’est pas des moyens plus efficaces de la servir et de la défendre. C’est un exemple que vient de leur donner l’auteur de la Note, et il est à désirer qu’il soit suivi.

On s’explique aisément pourquoi cet écrit condamne, en des termes vifs et nets, la confiance aveugle que l’on accorde à l’ancien matériel et à la tactique encore en vigueur. L’auteur a pu, mieux qu’un autre, juger les préventions que la vapeur rencontre et les obstacles que la routine oppose à ses progrès. Il a dû surprendre dans le corps de la marine un sentiment de répugnance qu’il était important de combattre ; il s’y est dévoué. Malthus, à qui l’on reprochait un jour d’avoir forcé les conséquences de son système, répondit qu’ayant trouvé l’arc trop tendu d’un côté, il avait été conduit à le tendre un peu trop de l’autre. Il est possible que M. le prince de Joinville ait voulu poursuivre un effet semblable. L’opinion du corps de la marine était si absolue en faveur de nos vaisseaux, qu’il a fallu frapper sur cette opinion pleine de périls un coup dont elle ne peut se relever. Réhabiliter la vapeur et diminuer la confiance que l’on accorde à la voile, tel est le double dessein que se proposait l’auteur de la Note ; ce résultat est acquis.

Il en est un autre qu’il ne cherchait pas et qu’il a obtenu, c’est le suffrage public. Si quelques points de la Note ont trouvé des contradicteurs, tout le monde a su rendre justice au sentiment national qui en anime les pages. On s’est accordé à y voir une bonne étude de nos forces de mer, écrite avec élégance et fermeté, un document précieux sur la situation comparée des flottes à vapeur en France et en Angleterre, des vues judicieuses sur les améliorations à introduire soit dans l’armement de ces navires, soit dans leur construction ; enfin, un traité rapide et complet sur cette intéressante matière. Le succès a été unanime, sauf pourtant une étrange exception. Un blâme s’est fait jour là où il n’y a d’habitude place que pour l’éloge. La Note avait trop bien réussi auprès du public ; c’était un tort sans excuse auprès des hommes qu’assiège l’idée fixe de l’impopularité. »




La seconde partie d’un travail sur la Philosophie catholique en Italie, publiée dans notre livraison du 15 mai, a provoqué une déclaration de principes que nous ne pouvons passer sous silence. On avait signalé dans cet article les tendances ultramontaines et anti-françaises de M. l’abbé Vincent