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LE SALON.

Après une assez longue absence, M. Marilhat a fait enfin sa rentrée avec huit morceaux, dont sept appartiennent à cette brillante illustration de l’Orient, dont il détache de temps en temps quelques pages. M. Troyon avec sa Forêt, M. Corot avec son Paysage (du grand salon), M. Aligny avec sa Vue de l’Acropolis d’Athènes et sa Campagne de Rome, M. Flandrin avec ses paysages composés, M. Français avec sa Vue des environs de Paris, M. Jadin avec ses tableaux de chasse, M. Flers, M. Joyant avec ses belles vues de villes, représentent à peu près les principales directions suivies par nos paysagistes. Dans les marines, toujours clair-semées, nous n’ajouterons au nom de M. Gudin que ceux de MM. Émeric (Falaise d’Étretat), Durand-Brager (Combat de la frégate le Niémen), et Heroult (aquarelle).

Dans l’architecture, nous avons remarqué les Études sur l’art décoratif en Italie à différentes époques, par M. A. Denuelle, travail consciencieux, savant et utile ; en gravure, une très belle estampe de M. Ach. Martinet, d’après une madone de Raphaël.

Telles sont les œuvres, tels sont les noms qu’il nous semble voir surnager au-dessus de cet immense chaos des produits de l’art contemporain. Ce coup d’œil jeté sur l’ensemble du travail intellectuel d’un grand peuple fait voir que la condition de l’art est la même que celle de la société : une multitude de petites individualités, point de grands caractères, du talent partout, du génie nulle part, beaucoup de mouvement et point de direction, une immense activité et pas de résultats. Ce spectacle est triste.


L. Peisse.