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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 mai 1844.


Au moment où une discussion importante finissait au Luxembourg, un débat d’une nature différente, mais non moins sérieuse, s’ouvrait au Palais-Bourbon. Le vote final sur la loi de l’instruction secondaire et la lutte engagée à l’occasion des crédits supplémentaires, tel est le double événement qui préoccupe aujourd’hui l’attention publique.

L’adoption sans amendemens des dispositions relatives aux petits séminaires a livré pour long-temps à toutes les incertitudes le sort de la grande mesure destinée à réglementer, en France, la liberté de l’enseignement. Le ministère devait, ce semble, le comprendre, et ne pas aller gratuitement au-devant d’inextricables embarras. L’esprit d’égalité qui domine au sein de la chambre élective et les sentimens bien connus de la majorité rendent inacceptables pour elle des dispositions contraires à tous les principes et à l’esprit même de la loi. Ne pas laisser les petits séminaires à leur spécialité purement ecclésiastique et se refuser en même temps à les placer dans le droit commun, leur créer un privilège tout exceptionnel sous un régime sévèrement organisé, c’est provoquer contre la loi une coalition dont elle ne parviendra jamais à triompher. Cinquante-une boules noires en ont attesté l’existence à la chambre des pairs. Cette minorité, formidable au Luxembourg, s’élèvera jusqu’à la majorité dans une autre enceinte, si les dernières dispositions du projet ne sont profondément modifiées.

Ce ne sera pas non plus l’esprit dans lequel elles ont été défendues par M. le ministre des affaires étrangères et par M. le garde-des-sceaux, qui triomphera au Palais-Bourbon des répugnances qu’elles inspirent. La future création d’un banc des évêques a été accueillie avec un déplaisir marqué, et, par