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commerce et d’industrie : sir Robert Peel doit préférer à une situation pleine de précipices et antipathique à la nature de ses facultés un état de choses par lequel il a fondé son influence et sa réputation, au milieu duquel il a acquis des droits à l’admiration de ses contemporains et à la reconnaissance de son pays. Il est impossible que sir Robert Peel ne soit pas un des hommes d’Europe le plus fortement attachés au maintien de la paix. Il est impossible que’ le parti tory ne réfléchisse pas à deux fois avant de s’aventurer dans une politique belliqueuse à l’égard de la France.

Je ne veux pas pousser plus loin l’examen des motifs qui commandent à l’Angleterre et au ministère qui est en ce moment à sa tête une politique pacifique. Je n’ai rappelé que les plus simples, je n’ai pas indiqué les échecs qu’une guerre avec la France ferait subir à l’Angleterre dans les difficultés qu’elle a avec d’autres nations, avec les États-Unis par exemple. Le plus léger aperçu suffit pour réfuter la tactique coupable et pour dissiper l’illusion qui représenterait l’Angleterre comme prête, sur le plus ridicule incident, au premier caprice, à tout remettre entre elle et nous à la décision des armes. Je n’ai signalé non plus que les raisons d’intérêts ; mais pour un peuple qui jouit des institutions représentatives, pour une nation chez laquelle les résolutions du gouvernement ne sont après tout que le retentissement forcé des exigences des intérêts, les raisons d’intérêts sont les seules décisives, — assez puissantes par elles-mêmes pour dompter les passions banales et inconsidérées qui bouillonnent à la surface de tous les pays libres, assez fortes pour enchaîner dans le gouvernement les fantaisies, les caprices, l’arbitraire.

Entre deux nations, entre des nations surtout comme la France et l’Angleterre, que la nature et la civilisation ont tant rapprochées, qui sont en contact si souvent et sur un si grand nombre de points, les intérêts qui interdisent la lutte commandent nécessairement la bonne intelligence et les bons rapports. L’alliance de la France est utile à l’Angleterre ; l’alliance de l’Angleterre ne saurait être dédaignée par la France. Le langage qui, dans les temps ordinaires et calmes, est tenu dans le parlement anglais par les hommes les plus considérables des deux partis, nous montre le prix que l’Angleterre attache en réalité à l’alliance de la France, et il n’y a pas parmi nous un homme politique sérieux qui ne comprenne et qui repousse les avantages inhérens à l’alliance anglaise. Qu’y a-t-il donc alors aujourd’hui entre les deux pays ? Pourquoi d’une question qui n’implique aucun grand intérêt ont jailli de si vives paroles et de si grandes alarmes ? Pourquoi,