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serait facile de lui conserver son arôme. Les propriétaires pourraient alors obtenir un prix plus élevé de cette denrée ; soixante-dix millions de kilogrammes de café sont exportés annuellement des ports du Brésil.

Le café est cultivé surtout dans la province de Rio. Les plantations s’étendent sur des montagnes élevées de mille à douze cent mètres au-dessus du niveau de la mer. Durant les trois premières années, le caféier ne donne que des produits insignifians ; ce n’est qu’à partir de la troisième année jusqu’à la huitième qu’il entre en plein rapport. On peut alors compter sur un revenu de trois kilos par pied, quand la plantation est suffisamment aérée et dégagée de toutes les herbes parasites. L’arbre à café forme au Brésil une pyramide dont la base et la hauteur sont égales. Les branches basses ont un développement de sept à huit pieds, et on maintient la croissance de l’arbre dans les limites de sept pieds de hauteur, afin que les négresses employées à recueillir les fruits puissent les atteindre sans trop de peine. Les plantations de café que j’ai visitées me parurent mal dirigées ; les branches basses s’entrelaçaient les unes dans les autres. Dans les plantations bien administrées, il y avait plus d’espace : lorsqu’on veut que l’air circule aisément, on doit couper les branches les plus fortes, qui produisent beaucoup de café, mais de qualité inférieure. Un grand nombre de négresses sont employées à la récolte. Le café reste exposé dans des cours à la pluie et au soleil, jusqu’à ce que la pulpe se sépare du grain ; il y a peu d’habitations où l’on ait construit des séchoirs en maçonnerie. Une fois le grain séché, on le transporte à un moulin dont la roue, mue par l’eau, soulève des pilons qui écrasent la pulpe du fruit : le grain glisse et tombe dans une auge, puis Il passe sur un tamis où il achève de se séparer des débris de la pulpe ; le café mis en sac est chargé ensuite sur des mulets et expédié à Rio.

La culture de la canne et surtout l’extraction du sucre, exigeant plus d’attention et plus de connaissances que la culture du café, présentent aussi des résultats moins satisfaisans. Le sucre du Brésil est inférieur en rendement à tous les autres sucres ; pour le raffineur d’Europe, il ne rend que 66 pour 100. La culture de la canne est presque partout négligée ; la nature seule semble défier la paresse des habitans, et les cannes, dominant les hautes herbes, couvrent encore des plantations abandonnées. Le bas prix du sucre, le prix levé des transports ont achevé de décourager les planteurs, et l’exportation du sucre, loin d’augmenter en proportion de celle du café, diminue chaque année. Les plantations dirigées par des Européens auraient pu servir de modèle