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lieux bas. Voici au surplus la description que donne M. Horne des tanières habitées par les maîtres-ouvriers de Wolverhampton :


« Dans les rues les plus obscures et les plus sales, on aperçoit des passages étroits qui s’ouvrent à des intervalles tantôt de huit à dix et tantôt de trois à quatre maisons. Ils n’ont guère plus de 2 pieds 1/2 de largeur sur 6 de hauteur, avec une profondeur de 12 à 24 pieds. Ces passages servent tout ensemble de voie publique et de ruisseau. Après les avoir traversés, vous vous trouvez dans un espace dont l’étendue varie suivant le nombre des maisons ou des huttes qu’il renferme. Cette allée aboutit souvent à un autre passage qui donne accès dans une semblable cour. Les espaces les plus chargés de huttes figurent une sorte de garenne ; il en est même un ou deux qui ressembleraient à une colonie de castors, si l’on y jouissait de la vue des vertes prairies et d’un air plus pur.

« Ces cloîtres ont de l’eau, et c’est là ce qui en diminue l’insalubrité. Ajoutez que les ateliers, les maisons et les huttes sont construits sur une légère élévation dont la pente s’incline vers le passage. Lorsqu’il y a assez d’espace, l’on établit une pompe au milieu de l’allée, non sans danger, si le bras de la pompe s’élève trop, de briser derrière soi les vitres d’une croisée, et d’inonder en face, par le jet de l’eau qui monte, la maison dont la porte serait mal fermée.

« Chaque allée renferme de deux à quatre maisons, dont une sur deux sert d’atelier. On compte ces passages par centaines à Wolverhampton. Dans l’origine, ce n’était évidemment qu’un sentier que le propriétaire d’une petite maison sur la rue se réservait le long de sa propriété pour arriver jusqu’à l’atelier, situé dans une arrière-cour ; mais, le nombre des habitans venant à s’accroître, on construisit des chambres au-dessus des ateliers, et l’on bâtit des huttes partout où l’on put trouver du terrain. Voilà comment la circonférence de la ville put rester la même, pendant que la population augmentait d’année en année.

« Le sol étant la propriété de divers particuliers ou de l’église, autour de Wolverhampton, la ville ne pouvait pas s’étendre. Aussitôt que ce terrain devint disponible, de nouveaux quartiers s’élevèrent mal percés, mal pavés, sans égouts, croupissant dans la fange écumante[1], et où les maisons, habitées par les pauvres, sont déjà des ruines. Souvent ils vivent au rez-de-chaussée, lorsque le premier étage s’est écroulé. »


Selon M. Horne, le mobilier ne vaut pas mieux que les bâtimens. Grace à la position naturellement salubre de la ville et au bas prix de la houille qui permet de combattre l’humidité par des feux constamment allumés, ces tristes demeures n’engendrent pas autant de maladies

  1. Stagnant pools, colour of dead porter, wich a glistering metallic film over them.