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montra au président que le temps des incertitudes et des demi-meres était passé ; qu’en présence de la masse du parti whig, si compacte et si bien unie, et du parti démocratique entièrement désorganisé et livré à l’anarchie, il n’y avait de salut possible qu’en changeant de terrain. Poser la question entre les whigs et les démocrates, c’était aller au-devant d’une défaite : mieux valait mettre aux prises le nord et le sud, car, en ralliant fortement tous les anti-abolitionistes, tous les timides, tous ceux qui ont un intérêt quelconque à voir accomplir l’annexation, on avait des chances de gagner la bataille. Pour cela, il fallait payer de promptitude et d’audace ; en se prononçant franchement pour l’annexation, on ne perdait rien, et on avait l’honneur de l’initiative aux yeux des partisans de la mesure ; on obligeait ensuite M. Clay et M. Van Buren à se prononcer pour ou contre, et ils ne le pouvaient faire sans perdre des partisans dans l’une ou l’autre alternative. En quelques jours, un traité fut conclu, signé avec le Texas et porté aussitôt au sénat avec un message rédigé évidemment par M. Calhoun[1]. Dans ce message le président, se conformant au langage de ceux qui ont toujours demandé l’annexation, prétend que les États-Unis ne font que reprendre un territoire qui leur appartient en vertu de la cession faite par la France de la Louisiane en 1803. Il fait remarquer que la population du Texas est sortie presque tout entière des États-Unis, qu’elle en aime et qu’elle en conserve les mœurs et les

  1. Nous croyons devoir reproduire ici quelques dispositions de ce traité, qui a été signé le 12 avril 1844, par M. Calhoun pour les États-Unis, et par MM. Van Zandt et Henderson pour le Texas : « La république du Texas, etc., agissant conformément aux désirs du peuple et de toutes les branches du gouvernement, cède aux États-Unis tous ses territoires pour être possédés par eux en toute propriété et souveraineté, et être assujétis aux mêmes règlemens constitutionnels que leurs autres territoires. La cession comprend toutes les sortes de propriétés publiques qui sont énumérées spécialement, comme terres publiques, mines, édifices publics, marine et arsenaux maritimes, etc. — Tous les titres et prétentions à des possessions légitimes qui ont été validés par le Texas seront maintenus aussi par les États-Unis. Les États-Unis prennent à leur charge et consentent à payer les dettes publiques et autres créances du Texas, émises jusqu’à ce jour, qui sont évaluées à 10 millions de dollars au plus. La somme de 350 000 dollars devra être payée dans les quatre-vingt-dix jours qui suivront l’échange des ratifications. Pour le paiement du reste, jusqu’à un total qui ne pourra pas excéder 10 millions, y compris la somme précédente, on engage les terres publiques cédées par le traité et les revenus qu’on en tirera. Les lois du Texas resteront en vigueur, et tous les officiers exécutifs ou judiciaires du Texas, excepté le président, vice-président et chefs des chambres, conserveront leurs offices jusqu’à ce que d’autres arrangemens interviennent. Le traité sera ratifié, et les ratifications échangées à Washington six mois après sa date, ou plus tôt, s’il est possible. »