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ne se trouve guère reproduit ailleurs. Il y a plus d’originalité et d’intérêt dans ce vieux fragment que dans quelques histoires locales publiées nouvellement et remplies de détails souvent puérils. Si l’on doit les consulter, c’est moins pour y trouver de nouveaux faits que pour signaler l’esprit moderne qui les anime et certaines, révélations de l’avenir. Au nombre des plus curieux symptômes se place un fait notable, l’affaissement de l’esprit calviniste dans son sanctuaire même, en Écosse. La Vie de Montrose[1], par Napier, et l’Histoire de Saint André[2], du docteur Lyon, sont dictées par un esprit contraire à Knox. Calvin, le grand-prêtre de l’Écosse, y est maltraité. Fusion des sectes, affaiblissement des doctrines, aplanissement de l’Europe, ces symptômes, observes depuis long-temps, continuent. Où mènent-ils l’Europe ? Dieu le sait. Ce qui est indubitable, c’est que les ames presbytériennes, se seraient insurgées en masse, il y a vingt ans contre le demi-catholicisme dont le puseyite M. Lyon se fait gloire aujourd’hui.

Observons donc ce mouvement nouveau, qui dérive du XVIIIe siècle et qui est important pour l’avenir ; il prête de la valeur à ces monographies. Saint-André, dont M. Lyon a rédigé les annales, est une petite ville antique située sur un promontoire qui commande à la fois la mer d’Allemagne et le Frith de Tay, Saint-André passe pour avoir servi de point de ralliement aux premiers missionnaires chrétiens qui allèrent civiliser ces régions inconnues et barbares. La réforme religieuse fit de sa belle église gothique un monceau de ruines ; depuis lors, il ne fut guère question dans le monde de ses wynds ou allées sinueuses, de ses maisons étranges avançant dans la rue par la pointe ou par le côté, et aussi magnifiquement chenues que les maisons de Rouen les plus décrépites. M. Lyon, ministre de l’église anglicane, a donc fait récemment l’histoire de ces vieux édifices, et en passant il a écrit celle des moines, des abbés, des prieurs et des évêques Quand il traite de la révolution ecclésiastique opérée en 1550, de Knox, de Marie Stuart, de Melville et du protestantisme républicain, si funeste à Charles Ier, il s’écarte de toutes les données convenues et orthodoxes du kirk presbytérien ; pas une erreur ou une violence protestante qu’il ne mette en lumière ; il ne passe rien aux réformateurs adorés en Écosse, Bossuet ou Bellarmin n’eussent pas mieux fait. C’est comme si la satire de Rome s’imprimait au Vatican, et l’on ne s’attendait guère à voir la réforme battue en brèche par

  1. Montrose’s. Life and Times, etc. Edinburgh, 1843.
  2. History of Saint-Andrews, by the rev. C. J. Lyon. Edinburgb, 1844.