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l’exposition de 1834, nous essayâmes d’apprécier le mouvement industriel de la France[1]. Les fêtes de juillet furent alors l’occasion de l’exposition et le prétexte sous lequel un but de politique intérieure se trouvait dissimulé. En voyant ce qui se passait autour de nous ; nous ne pûmes nous défendre de jeter un coup d’œil rapide sur les tendances du pays au milieu des dernières vagues frémissantes de la révolution dont un si court espace nous séparait. Les hommes et les choses furent jugés, comme nous les vîmes alors, et avec une impartialité si rigoureuse, qu’après une longue période, nous trouvons que nos opinions n’ont subi aucun changement. Nous examinâmes les causes qui avaient motivé les premières expositions, et qui les ressuscitaient inopinément après une interruption de sept ans. Puis, dans un but d’utilité plus immédiate, nous essayâmes de comparer la part dont notre industrie nationale se trouvait en possession sur les marchés lointains, avec celle qui était le partage de l’industrie de nos rivaux, et nous dûmes souvent déplorer l’infériorité de nos débouchés. Sommes-nous parvenus aujourd’hui à conquérir la place à laquelle nous devions aspirer ? Notre industrie s’est-elle révélée au monde comme entrée dans cette voie solide et ferme qui lui garantisse le succès ? Nous craignons qu’il n’en soit autrement ; nous n’entendons pas disputer le mérite à qui l’on a décerné de si éclatantes récompenses ; des juges intègres et honorés pour leur savoir n’ont laissé de doute dans l’esprit de personne. Ce que nous voulons rechercher, ce sont les causes qui nous retardent, et l’avenir que nous réserve la direction imprimée au travail.

L’on peut appliquer le nom d'industrie[2] à tous les travaux produits sous l’inspiration de l’entreprise et de l’étude. L’industrie touche d’un côté à l’agriculture, qui en est elle-même la première branche ; elle se termine de l’autre aux beaux-arts, à qui elle prête un aide puissant et qui la récompensent en la guidant et l’éclairant. L’exposition des Champs-Élysées a donc pu admettre entre ces limites tout ce qu’il était possible de transporter et de loger. Cependant il a fallu se restreindre, porter son choix sur ce qui était l’objet d’une fabrication ou d’une manufacture, donner en conséquence la préférence à ce qui exigeait le concours d’hommes se prêtant une aide mutuelle. Telle s’est présentée l’exposition, incomplète nécessairement, mais grande,

  1. Revue des deux Mondes, 15 septembre 1834.
  2. Industria est alacritas et studium in labore suscipiendo, urgendo et perferendo. Cicero Eruesti.