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bois, l’imperfection ou le manque de voies de communication pour la houille interdisant encore tout appel à un changement de méthode. Aussi trouve-t-on que, de 1829 à 1840, le prix du charbon de bois, dont l’usage pour la fabrication du fer est indispensable, a doublé en Franche-Comté, dans les Vosges et dans la Haute-Marne, pays si riches en forêts. La concurrence des consommateurs y a contribué, mais les efforts des ministres des finances qui se sont succédé ont été le véritable principe du mal. L’état, héritier par succession des droits de la conquête franque sur la plus grande partie des forêts de l’ancienne Gaule, a agi dans leur aménagement comme un bourgeois économe qui n’a d’autre souci que d’élever le prix de la chose que seul il peut offrir à la concurrence des acheteurs. En Angleterre, dans le même temps, le charbon et le minerai, distribués largement par la concurrence des vendeurs, ont permis aux hommes entreprenans un immense développement de l’industrie, et c’est de la flamme des usines de cette île brumeuse que sont sortis les moyens d’acquérir la puissance souveraine qui régit la moitié du globe.

Les élaborations principales et accessoires du fer et de la fonte, la conversion de ces matières en acier, en tôle, en verges, en grosse taillanderie, etc., accroissent encore l’emploi du combustible. En réunissant ces divers travaux au traitement des matières premières, l’administration des mines trouve que l’on a consommé, en 1842, pour 45 millions 500 mille francs tant de charbon de bois que de bois, et pour 15 millions de houille, de coke, etc. C’est pour le bois un cinquième de plus qu’il y a dix ans, et pour les combustibles minéraux une augmentation de deux cinquièmes.

La fabrication du fer est une question de richesse et de puissance pour la France. Il faut que le fer soit abondant et à bas prix pour que notre industrie puisse lutter avec les industries étrangères ; il le faut encore pour que l’agriculture ait de meilleurs instrumens et concoure de son côté à rendre la vie plus facile aux classes les moins aisées. Après l’état, on trouve comme possesseurs des forêts la liste civile, les communes et un petit nombre de grands propriétaires. Ces derniers suivent l’impulsion qui leur est donnée d’en haut et quelquefois la provoquent au moyen de leur influence politique. C’est par le fait un monopole qui s’établit et abuse de sa situation, car le producteur de fer ne peut lui échapper. Il serait de la sagesse du gouvernement d’amener par la réduction des mises à prix de ses coupes de bois un abaissement qui ne rendît pas vains, pour les consommateurs et pour les producteurs, les progrès que l’esprit d’ordre et d’économie, aidé par la science, a