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national arrive pour rectifier ces erreurs du fabricant, et les produits français reprennent bien vite la place qu’ils doivent occuper. C’est sous ce rapport que les expositions faites en France se montrent surtout remarquables.

Le goût s’appuie en France sur une disposition naturelle à la culture des beaux-arts. Dans la capitale et dans les villes principales, l’attention des classes les moins aisées se porte avec avidité sur les produits nouveaux que chaque année enfante. Le peuple apprend à voir et à juger, et, malgré le renouvellement incessant des hommes de labeur dans les villes par les habitans incultes des campagnes, le sentiment des arts se fraie un chemin dans les intelligences les plus bornées, et concourt à amener à la perfection de nombreux articles de notre industrie.

Les bronzes, par exemple, comme article de commerce, ne sont pas un objet méprisable, et ils forment en valeur la moitié de nos exportations en métaux ouvrés. Les travaux du dessin, du moulage, de la fonte, de la ciselure, de la dorure et des autres accessoires, assurent une large part à la main-d’œuvre. Nos principaux fabricans sont en possession de faire pénétrer dans tous les pays les œuvres admirables qui sortent de leurs ateliers. L’art français reçoit le tribut des classes supérieures et des classes riches du globe entier, et la part du mauvais goût, de l’afféterie et de la petite manière devient moins grande chaque année.

Notre orfèvrerie est également à l’abri de toute rivalité. Quelquefois obligée de sacrifier au goût bizarre et singulier des peuples étrangers, elle laisse néanmoins sentir la modification que la main française lui imprime. Les contours s’épurent et deviennent élégans, la ciselure brillante achève de donner la vie et de porter dans les détails la grace qui fait valoir l’ensemble. De véritables chefs-d’œuvre de dessin, d’art et d’assemblage de métaux ont marqué cette exposition, et justifient la vogue qui s’empresse auprès de nos artistes fabricateurs. Leur émulation les a portés vers l’étude de l’antique, vers les caprices variés des diverses périodes du moyen-âge, leur a fait aborder les recherches de l’art indien, réunir les oppositions des divers métaux précieux à l’éclat des pierres précieuses, et toujours le succès de leurs entreprises a scellé la confiance que leurs talens inspiraient à l’avance. Une exportation annuelle et presque régulière de dix à douze millions en orfèvrerie, bijouterie, coraux et plaqués, indique le cas que l’étranger fait de nos travaux. Le procédé galvanique de la dorure et de l’argenture des métaux, appelé à prendre une grande extension, ne peut manquer