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d’accroître considérablement les avantages dont nous sommes déjà en possession.

Nous recevons de l’étranger, avec déclaration en douane et indépendamment de la contrebande, pour cinq à six millions d’horlogerie de toute espèce, et nos exportations restent au-dessous de deux millions. On jugera par là combien la fabrication française est loin de répondre à nos besoins. Nous n’entendons pas ici juger des exceptions honorables qu’il faudrait mentionner ; mais les noms français ont si peu de faveur, que la plupart des pièces exportées doivent être signées d’un nom étranger. Cette circonstance est, au reste, quelquefois plus heureuse que loyale, car nous avons la mémoire récente d’un capitaine de navire français qui, exportant des montres à la Chine, ne demandait au fournisseur autre chose, si ce n’est que les mouvemens et les aiguilles pussent se maintenir ensemble jusqu’après l’arrivée du navire à Canton. Le procès qui s’en est suivi n’a été qu’un des nombreux épisodes de ce malencontreux commerce de pacotille, qui a tant contribué à discréditer le commerce français sur des points éloignés.

La fabrication des instrumens de précision, de mathématiques, de physique et d’optique, celle surtout des phares maritimes qui rassurent le navigateur contre les dangers des côtes, ont reçu des louanges méritées. Les sciences trouvent à se pourvoir amplement de tous les auxiliaires qui assistent l’homme dans les travaux qu’il entreprend pour reculer les bornes de nos connaissances.

Nous sommes inférieurs à l’Angleterre dans la coutellerie ordinaire à l’usage de toutes les classes, pour laquelle la bonté et la solidité suffisent, et doivent être unies à des prix fort modérés. Notre système de fabrication par le travail isolé est peu favorable à cette branche, qui s’améliore lentement. Quoique nous réussissions mieux dans la coutellerie fine, sauf une trop grande légèreté due à la recherche de l’élégance, nos exportations presque régulières se bornent à une valeur annuelle de 1,200,000 francs. C’est à peu près aussi le chiffre de nos exportations d’armes de toute espèce, dont deux tiers en fabrication de choix et un tiers en armes de traite. L’exposition ne nous a guère révélé que ce qui tient aux efforts dictés par le luxe ou par un choix particulier.

La coutellerie et les armes sont au nombre des articles importans d’exportation de l’Angleterre ; cependant les manufacturiers de Birmingham et de Sheffield se sont empressés de venir explorer nos produits. Ils confessent avoir recueilli dans leur visite, au profit de leurs établissemens, des observations utiles et intéressantes, que personne