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d’un usage général, nos rivaux seraient sur le point d’arriver à la perfection dans ceux de luxe et d’exception.

Le coton, matière première exotique pour la France, supplée la soie, la laine et le lin. Par la modicité de son prix, il permet aux classes les moins aisées d’être convenablement vêtues et de compléter à peu de frais l’ameublement des plus humbles demeures, tandis que, employé par des mains habiles, il concourt à l’embellissement des plus riches palais. Depuis un demi-siècle, les efforts de l’industrie, en se portant sur l’emploi du coton, aidés par l’extension de la culture et la fertilité du sud-ouest de l’Amérique, ont produit une révolution tellement puissante, qu’elle a changé l’équilibre politique des états et modifié la situation des classes sociales des points les plus importans du globe. La bonne harmonie entre les deux rives de l’Atlantique n’est peut-être due qu’à l’existence du cotonnier.

La France marche après l’Angleterre, mais séparée par une distance énorme, dans l’exploitation de l’industrie du coton. Une partie de la Prusse, la Saxe, la Belgique, et surtout la Suisse y prennent aussi une large part. Nous nous en apercevons, car, à l’exception des tulles qui vont de l’Angleterre en Suisse, sans doute pour se déverser sur les pays voisins, les articles de coton qui transitent sur notre territoire proviennent des pays que nous venons de nommer.

Nos exportations comparées de 1843 ont été :


Fabrication française Fabrication étrangère
Tissus de coton et calicot, pour 17,626,000 fr. 1,411,000 fr.
Toiles imprimées 49,900,000 12,480,000
Mouchoirs et châles 4,713,000 6,831,000
Draps et velours 974,000 639,000
Tulles et gazes 1,306,000 9,242,600
Mousseline 1,052,000 5,151,000
Bonneterie 1,092,000 332,000

Nous voyons ici les toiles imprimées de Suisse et d’Allemagne remplacer les nôtres dans ces exportations, les mouchoirs et les châles de l’étranger surpasser ceux de l’Alsace, et les mousselines de la Suisse et de la Saxe quintupler le chiffre de celles de Tarare et de Saint-Quentin, qui cependant ont paru si éclatantes et si belles à l’exposition qui vient de se fermer.

La variété des dessins et la richesse des couleurs, le cachet de notre génie inventeur renouvelant sans cesse des choses où la nouveauté paraissait devoir être épuisée, n’ont cependant pu garder nos fabriques de Sainte-Marie aux Mines et des riches vallées de l’Alsace contre