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propriétaires différens. La première année, Coitès avait été exploitée par deux propriétaires aidés de trente esclaves seulement. Les heureuses découvertes qui furent faites attirèrent des concurrens ; il fallut diviser et subdiviser le terrain exploité. Les premiers arrivés ne conservaient en effet aucun privilège, et chacun obtenait une quantité de terrain proportionnée au nombre d’esclaves qu’il employait. Le lit du Coitès a jusqu’ici produit une grande quantité de diamans, qui, pour la pureté, ne sont nullement inférieurs à ceux du Jequitinonha, seulement la couche de sable qui renferme les diamans est beaucoup moins rapprochée du sol que celle qu’on exploite sur les bords de cette rivière. Après la première couche de terre végétale, il faut traverser un terrain argileux, puis une couche épaisse formée par des rochers d’un grès sablonneux de formation secondaire. L’on parvient ensuite au cascalho, qui se trouve à environ cinquante pieds au-dessous du niveau du sol. S’il était possible de suivre cette couche de cascalho jusque dans l’intérieur de la montagne, les efforts des travailleurs seraient à coup sûr largement récompensés ; mais, jusqu’ici, les tentatives n’ont eu que de fâcheux résultats. Les rochers, dont on avait ébranlé la base en remuant les terrains sans précaution, se sont affaissés en plusieurs endroits, et un grand nombre de nègres ont péri écrasés. Force a donc été de limiter les explorations au lit du Coitès et à ses deux rives. Malheureusement les travailleurs commencent à se porter en trop grand nombre sur les bords du Coités ; les bénéfices deviennent presque nuls, et à l’époque où je visitai cette exploitation, la plupart des chercheurs de diamans songeaient à abandonner leurs travaux. Les plus entreprenans étaient partis pour la mine des Aroueras. J’eus le bonheur de rencontrer un docteur anglais, M. Deller, qui arrivait de cette mine, située à cent soixante lieues, presque au nord, dans la chaîne des montagnes à laquelle se rattache la Serra du Grand-Mogol. M. Deller voulut bien me faire part des observations qu’il avait faites sur les lieux mêmes. Je m’assurai, grace à lui, que les importantes découvertes faites aux Aroueras méritaient de fixer l’attention des Européens. Pour la première fois, peut-être, le diamant s’est trouvé dans un filon régulier. Il serait à désirer qu’un minéralogiste distingué explorât ces mines où le diamant n’a pas encore atteint sa formation complète, car il ne se présente jamais sous la forme cubique. Outre les mines des Aroueras, il y a dans la même chaîne celles de Suroué, Souvidor et Morro do Chapeo, qui toutes dépendent de la province de Bahia. Suroué a produit non-seulement des diamans, mais encore des fragmens d’or cristallisé,