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insistons sur ce point. L’économie politique, dont l’autorité est si généralement invoquée, nous semble aujourd’hui en péril. Ses ennemis sont nombreux et de plusieurs espèces. Certains esprits, de constitution trop chétive pour saisir les notions abstraites, déclarent que l’ancienne méthode n’est qu’une phraséologie pédantesque et sans portée. D’autres lancent l’anathème contre les disciples d’Adam Smith, en les déclarant responsables de la détresse des classes pauvres et des désordres du monde industriel. Les ennemis les plus dangereux sont ces disciples maladroits qui croient naïvement avoir fait de l’économie politique chaque fois qu’ils ont groupé des chiffres de finances, ou délayé des phrases sur quelqu’une des innombrables questions relatives au gouvernement de la société. Un enseignement aussi haut placé que celui du Collège de France doit être une protestation continuelle contre tout ce qui tend à altérer la science. Que M. Michel Chevalier ne craigne plus d’appesantir sa parole par de fréquens retours aux principes ; qu’il soumette sa propre pensée aux lois d’une sévère analyse, et ses leçons gagneront plus en précision savante qu’elles n’auront à perdre en éclat et en vivacité.


A. COCHUT.