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c’est l’existence d’un parti anglais. Ce parti pourtant existe si bien, qu’en 1825 il fut un moment maître du terrain, et que, sur la proposition de Maurocordato, le conseil exécutif implora le protectorat de l’Angleterre. La part glorieuse que prit lord Byron à la délivrance de la Grèce et sa mort à Missolonghi, les services très réels que rendirent à la cause de l’indépendance quelques Anglais éminens, le général Church notamment et lord Cochrane, l’habileté et l’activité des agens britanniques, les relations enfin qui s’établirent entre ces agens et quelques-uns des chefs de la lutte, voilà, ce me semble, ce qui, de 1821 à 1824, donna naissance au parti anglais. Depuis lors, il s’est maintenu par habitude, mais sans prendre nulle part racine dans le pays. En réalité, le parti anglais, c’est un petit groupe d’hommes distingués dont plusieurs ont habité Londres, et que le ministre d’Angleterre soutient envers et contre tous. Le premier de ces hommes est, sans contredit, M. Maurocordato, dont ses adversaires eux-mêmes reconnaissent le talent, le désintéressement et les grands services. Il fut un temps, au début de la lutte, où M. Maurocordato et M Coletti marhaient parfaitement d’accord. Ils commencèrent à se diviser le jour où il fut question d’offrir la couronne de Grèce à un des fils du duc d’Orléans. M Coletti appuyait cette combinaison, M. Maurocordato la repoussait, et chacun dès-lors suivit sa tendance, l’un vers la France, l’autre vers l’Angleterre.

Tout cela bien expliqué, il faut dire en quelques mots ce que fut de 1835 à 1843 le gouvernement bavarois.

En 1822, l’assemblée d’Epidaure avait donné à la Grèce une constitution provisoire, et partagé le pouvoir entre deux corps électifs : le sénat législatif et le conseil exécutif, chacun pourvu de ses attributions spéciales, mais ayant l’un sur l’autre une sorte de veto. L’assemblée d’Astros confirma plus tard cette constitution, tout en la modifiant, mais en 1827, l’assemblée de Trézène établit l’existence de trois pouvoirs distincts le pouvoir législatif, exercé par le sénat ; le pouvoir exécutif, confié à un président ; le pouvoir judiciaire, dévolu à des tribunaux indépendans. On sait que le président Capo-d’Istrias tint peu de compte de cette constitution nouvelle. En droit, elle n’en continua pas moins d’exister pendant sa vie, et, après sa mort, la Grèce entière parut s’y rallier. Cependant les trois cours de Russie, de France et d’Angleterre décidèrent qu’un roi serait donné à la Grèce, et choisirent un prince bavarois. La constitution de Trézène devait dès-lors subir d’importantes modifications, et en 1833, l’assemblée nationale réunie à Prania allait, s’en occuper, quand les résidens