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des trois cours demandèrent que l’assemblée ne précipitât rien, et attendit le roi nouveau : l’assemblée déféra à cette invitation, et il resta convenu qu’aussitôt après l’arrivée du roi, la constitution se ferait en commun.

Le gouvernement bavarois avait donc pris l’engagement de réviser, d’accord avec l’assemblée nationale, la constitution de Trézène. C’était l’avis des deux régens, MM. Maurer et d’Abell, soutenus par la France, par Coletti, et par tout le parti constitutionnel. Cependant M. d’Armansperg, soutenu par l’Angleterre, par la Russie, par l’Autriche, par la Prusse, se déclara pour l’opinion contraire, et ce fut lui qui l’emporta. En 1837, au moment du mariage du roi, l’impopularité de M d’Armansperg était d’ailleurs telle qu’il devint nécessaire de le congédier ; mais il fut remplacé par M. de Rudhart, Bavarois comme lui, et qui n’avait pas plus de goût pour les constitutions représentatives. L’unique différence était que l’influence russe régnait à Athènes sous M. de Rudhart, comme l’influence anglaise sous M. d’Armansperg. A son tour, M. de Rudhart tomba, un ministère purement grec fut constitué, et la Grèce put croire qu’à défaut de constitution, elle venait au moins de conquérir une administration nationale. C’était encore une illusion. D’après l’organisation nouvelle, il y avait bien sept Grecs qui portaient le nom de ministres et qui venaient chaque jour prendre les ordres du roi ; mais à côté, au-dessus de ces prétendus ministres, un petit conseil privé, où les Bavarois étaient en majorité, conservait, sous l’œil du roi, la direction réelle des affaires. C’est ce conseil, ou, pour mieux dire, cette camarilla qui préparait les : projets de loi et qui aidait le roi à distribuer les fonctions publiques.

Une autocratie d’antichambre au lieu de gouvernement représentatif, voilà donc, en définitive, ce que la Grèce devait au traité de 1832. Mais cette autocratie, pendant les cinq ans qu’elle a régné, a-t-elle au moins fait quelques efforts heureux pour l’amélioration morale ou matérielle du pays ? Pas le moins du monde. Sous M. de Maurer, le gouvernement civil avait été organisé, l’administration judiciaire établie, l’église grecque séparée de l’église de Constantinople et déclarée indépendante, le système municipal régularisé et consolidé, la liberté de la presse reconnue. Sous M. d’Armansperg ; quelques tentatives avaient été faites pour organiser une armée régulière, pour mettre un peu d’ordres dans les finances, pour rendre les incultes à la culture. Sous M. de Rudhart, les conseils provinciaux avaient été mis en activité. Sous la camarilla, il ne fut