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les plus favorables auspices. Il paraît qu’au lieu de se briser, l’union de MM. Coletti et Metaxas s’est resserrée, et qu’ont sont bien déterminés à surmonter ensemble les difficultés qui les attendent. Il paraît aussi que les conseils de la modération sont écoutés, et que le cabinet, comme la majorité de la chambre, se défendront de toute réaction. Si ces bonnes dispositions se maintiennent, un grand pas sera fait pour l’affermissement des institutions représentatives. Par malheur, chez les descendans des anciens Hellènes, l’eau coule vite et change souvent de lit. Espérons qu’il n’en sera pas ainsi cette fois, et qu’un peu de repos, un peu de stabilité succédera enfin à tant d’agitation et de mobilité.

Dans cet examen des affaires grecques, j’ai cherché à éviter tout esprit de parti. Il m’est pourtant impossible de ne pas faire remarquer en finissant que, deux fois en un an, la politique ministérielle a reçu en Grèce un éclatant démenti. En 1843, M. Guizot était parvenu à réunir la France et l’Angleterre dans une pensée commune, celle qu’une constitution ne valait rien en Grèce, et qu’on devait s’y contenter de quelques institutions administratives. C’est précisément alors qu’éclata le mouvement de septembre, et que la Grèce, se soulevant tout entière, demanda et obtint une constitution. M. Guizot accepta de bonne grace le fait accompli ; puis il proclama à la face de la France et de l’Europe que le bon accord des légations anglaises et française n’était point un fait accidentel et passager, mais un fait permanent et nécessaire, un fait qui devait diriger et dominer toute la situation. Au bout de six mois, le bon accord des deux légations avait cessé, et chacune aujourd’hui suit sa voie. C’est pourtant une chose grave que de se tromper si souvent, et quand on marche ainsi à l’aveugle, il est difficile que l’on arrive au but. Heureusement, je l’ai dit et je le répète, l’influence française n’a pas et vaincue en Grèce avec la politique ministérielle. Il faut en savoir gré au ministre de France, qui, en septembre 1843 comme en août 1844, n’a consulté que l’intérêt des deux pays, et s’est jeté bravement sur la brèche sans craindre de compromettre sa responsabilité. Il faut en savoir gré surtout à l’admirable instinct dont les Grecs sont doués. Les différentes opinions en France ont pu, à diverses époques, juger diversement la situation de la Grèce, et se reprocher mutuellement quelques fautes. La Grèce n’en sait pas moins que, si nous différons sur la conduite à tenir, nous n’avons tous en définitive qu’une pensée et qu’un but.

Ministère et opposition, membres du centre ou de la gauche, partisans même ou adversaires du gouvernement établi, nous voulons tous