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notre commerce cette espérance va-t-elle nous échapper ? Au Mexique, Une affaire grave commence. On sait que plusieurs Français, impliqués à tort ou à raison dans les démêlés intérieurs du pays, ont été immolés à Tabasco, sans jugement, sans une instruction régulière qui ait établi leur culpabilité. On connaît les détails horribles de cet assassinat, commis par des bêtes féroces. Notre ministre plénipotentiaire à Mexico, M. le baron Alley de Ciprey, a déployé dans cette circonstance une louable énergie. Il a cessé toutes relations avec le gouvernement mexicain. De son côté, le président Santa-Anna accuse dit-on, M. de Ciprey devant notre gouvernement. Quelle sera l’issue de ce conflit ? M. de Ciprey sera-t-il désavoué ? ou bien le ministère du 29 octobre prendra-t-il des mesures vigoureuses contre le Mexique ? Le ministère est embarrassé. Tout annonce que M. de Ciprey a dignement représenté la France, et que les autoriés mexicaines ont commis un acte infame. Il faudra donc sévir contre le Mexique, à moins que le président Santa-Anna ne fasse les réparations convenables. Mais l’Angleterre protége le gouvernement mexicain : devant cette considération, M. Guizot hésite ; il hésitera peut-être long-temps encore. En attendant, les atrocités les plus révoltantes se commettront tous les jours à Mexico ; le pays sera la proie des brigands et des assassins ; notre commerce sera l’objet de spoliations iniques, et nos compatriotes, menacés dans leur vie et leur fortune, imploreront vainement l’envoi d’une escadre française chargée de renouveler la prise de Saint-Jean d’Ulloa.

Le bruit court que la question du droit de visite serait au moment de recevoir une solution. L’exercice de ce droit serait abandonné. On chercherait à obtenir la répression de la traite par des moyens nouveaux, moins dispendieux, plus sûrs et plus conformes à la dignité de chaque nation. La France et l’Angleterre se chargeraient de réprimer la traite sous leurs pavillons respectifs. Des garanties seraient offertes à L’Angleterre sur ce point. Tel est, dit-on, le grand avantage que la politique de M. Guizot vient de remporter à Windsor. Nous avons, quant à nous, des renseignemens opposés. Nous croyons savoir qu’en effet la solution dont il s’agit a été proposée par M. Guizot, mais que le cabinet anglais n’a fait encore aucune réponse satisfaisante. Il se pourrait bien que M. le ministre des affaires étrangères se leurrât ici d’un vain espoir.

D’ici à peu de jours, la liste des nouveaux pairs sera discutée en conseil. Il est à désirer, dans l’intérêt de la chambre des pairs, que cette liste ne soit pas trop longue, que le mérite et les services déterminent principalement les choix, que l’on écarte les considérations secondaires, que toutes les candidatures, enfin, soient attentivement discutées. La chambre des pairs, pour exercer sa légitime influence, n’a pas besoin d’être nombreuse. Ce qui importe avant tout, c’est qu’elle brille par l’éclat des talens et des illustrations. Après les nominations à la pairie, quelques mouvemens auront lieu, dit-on, dans le corps diplomatique. On connaît les préférences de