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pagne ; que les cortès leur accordent la réforme de la charte de 1837 ou la leur refusent, nous faisons des vœux sincères pour qu’ils maintiennent au pouvoir et s’y affermissent. On se rappelle sans doute avec quelle énergie nous nous sommes prononcés contre les espartéristes ; assurément, ce n’est pas aujourd’hui que nous voudrions revenir sur leur compte à d’autres sentimens. Le parti progressiste ne nous paraît pas en état de gouverner la Péninsule ; en formant aux cortès une opposition constitutionnelle ; ses chefs auraient pu rendre au pays de réels services, et nous leur avons reproché d’avoir manqué à une telle mission. Le parti modéré est le seul qui, à notre avis, soit capable de régénérer l’Espagne voilà pourquoi nous regrettons qu’au lieu de procéder, de concert avec les chambres, à une œuvre de réorganisation sur laquelle, par delà les Pyrénées, tous les esprits éclairés s’entendent, il soulève des débats où vont se produire encore et s’exalter les passions politiques. Ce n’est pas tant de la réforme elle-même qu’en ce moment nous nous préoccupons, que des périls qu’elle peut susciter. Voici dix ans déjà qu’en Espagne tous les esprits sont en proie à une surexcitation excessive. Pour les calmer, il suffirait de prouver, nous le croyons, qu’on veut enfin réaliser les réformes d’intérêt positif qui feront descendre le bien-être dans les dernières classes de la population. Il y a quelques mois à peine, tout le monde pensait, en Europe, que le parti dominant était sur le point d’entreprendre et de mener à bonne fin ces réformes. Pourrait-on en dire autant aujourd’hui ?



V. de Mars.