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son passage que les troupes de l’Autriche. Le Piémont fut incorporé de nouveau à la France ; la république cisalpine devint le royaume d’Italie ; la Toscane et les autres parties de l’Italie centrale se transformèrent en principautés de l’empire français ; Venise fut reprise à l’Autriche en 1806 ; dans la même année, Joseph soumettait le royaume de Naples, et ne trouvait de résistance nulle part ; Fra Diavolo et les autres chefs des bandes napolitaines ne pouvaient plus recruter de nouveaux partisans pour combattre l’invasion ; enfin, en 1809, Napoléon n’eut qu’à prononcer la déchéance du pontife pour transformer sans secousse la capitale du monde chrétien en un chef-lieu de département français.

Pendant la période napoléonienne, la révolution pénétra au cœur de l’Italie. À l’époque du directoire, la liberté n’avait guère inspiré que de vagues protestations. Napoléon fit passer la liberté du domaine de la théorie dans celui des faits, il l’organisa en établissant la libre concurrence dans l’armée, dans l’administration, dans les fonctions publiques ; partout le talent fut cherché et mis à sa place. L’égalité à son tour fut protégée par le code, par la nouvelle organisation dès tribunaux, de l’administration, par toutes les lois qui favorisaient la bourgeoisie. La révolution avait appris aux Italiens la fraternité, car toutes les républiques avaient les mêmes principes, les mêmes auxiliaires et les mêmes ennemis. Jamais jusqu’alors la Lombardie n’avait sympathisé avec Naples, et, après la révolution, les émigrés de la république parthénopéenne étaient accueillis comme des frères dans la Haute-Italie. Cette fraternité politique fut fortifiée par l’uniformité des lois ; à dater de 1808, il n’y eût plus qu’un seul code en Italie, une seule organisation judiciaire, un seul système de finances, un seul mode d’instruction publique ; les brigands disparaissaient, la sûreté était rendue aux grands chemins, la fusion des mœurs et le mélange des intérêts hâtaient l’œuvre de la nationalité. En même temps, l’activité était imprimée à tous les esprits, la péninsule se couvrait de nouveaux monumens, on achevait les anciens édifices, on traçait de vastes routes, l’agriculture faisait d’immenses progrès, et les arts, les sciences, la littérature, la langue italienne elle-même, n’avaient jamais été plus vivement encouragés que sous le règne de Napoléon. Enfin la fondation du royaume d’Italie, qui s’étendait jusqu’à Ancône, était plus qu’un engagement pris pour l’unité et l’indépendance du pays. Tous les partis se trouvaient à moitié satisfaits, à moitié contenus. L’empire, français relevait les formes aristocratiques, et une grande