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partie de la noblesse italienne se consolait de la perte de ses privilèges à la cour de Beauharnais, de Murat et de la reine d’Etrurie. Quant à la portion de l’aristocratie qui ne se ralliait pas à Napoléon, elle était écrasée par l’action salutaire de la concurrence, qui appelait le talent aux premiers emplois de l’état. Le parti démocratique avait disparu sans bruit, absorbé par l’administration éminemment populaire de Napoléon. Il sentait que, si la liberté et l’égalité n’étaient plus dans les mots, elles passaient dans les choses. Eût-il d’ailleurs voulu agir, la lutte était impossible. Aussi il se contentait des réunions inoffensives de la maçonnerie, et là encore il rencontrait les princes de la famille impériale. Restaient les partisans de l’indépendance nationale ; mais ceux-ci avaient foi dans les armées italiennes, complètement régénérées par Napoléon, dans le royaume qu’il avait fondé, et dans les guerres de l’empire, qui pourraient offrir une occasion pour obtenir l’affranchissement de l’Italie. Ils se montraient pour la première fois amis de la France.

Le calme semblait donc rétabli, mais on ne pouvait se dissimuler qu’il ne tenait qu’à la dictature militaire de Napoléon. Aux premiers revers de l’empire français, les trois partis devaient reparaître et s’agiter de nouveau sur la scène politique. Les royalistes purs n’avaient jamais cessé de professer le plus souverain mépris pour ce gouvernement de parvenus imposé par un soldat. Pour eux, le code français était une tyrannie, l’administration napoléonienne une usurpation, les nouveaux ministres des jacobins, les nouveaux rois des proconsuls. La cour de Vienne entretenait toujours des correspondances dans la Haute-Italie ; la Basse-Italie était sans cesse travaillée par les agens de la cour de Palerme. Le saint-siège était devenu naturellement le centre de l’absolutisme italien. Dès les guerres de 1805, l’agitation recommença. La Polésine se déclara en faveur de l’Autriche, la commune de Crispino (Bas-Pô) marchait au-devant de l’armée allemande ; en même temps, Parme se soulevait pour le pape (1806), tandis que les royalistes napolitains, vaincus par Joseph, s’alliaient avec les brigands des Calabres (1807), pour continuer la résistance. Les symptômes de l’hostilité royaliste se renouvellent en 1809 ; toute l’Italie s’émeut à la seconde insurrection tyrolienne. Dans la Haute-Italie, la police de Beauharnais arrête un émissaire autrichien, le comte de Göess, dont les papiers compromettent plusieurs nobles lombards, et Beauharnais doit supprimer ces papiers, car il y a trop de coupables. Un montagnard du lac de Como veut se mettre à la tête d’une bande, il est fusillé. En Toscane, les paysans d’Arezzo s’arment, le clergé organise