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de l’Autriche, ils prenaient tous des mesures contre la propagande. Dans la Haute-Italie, le carbonarisme était complètement anéanti par les trente-quatre condamnations du tribunal extraordinaire de Venise, par l’expulsion des réfugiés italiens de la Suisse (1823), et par la cruelle réaction du Piémont. Cependant le nouveau roi Charles-Félix accordait des réformes (1822), et au bout d’un an l’évacuation des Autrichiens s’effectuait sans troubles. Dans l’Italie centrale, la propagande révolutionnaire fut contenue par les répressions de la Toscane (1821), par le supplice de l’abbé Andréoli de Modène, et par la réaction modénaise de 1826. Le duc promit à cette époque une amnistie pleine et entière à tous les francs-maçons, ainsi qu’aux carbonari qui dénonceraient les projets des ventes, les noms de leurs complices, et feraient une confession générale de leurs péchés politiques et de ceux de leurs amis. C’était là un jubilé politique pour faire suite au jubilé de l’église de 1825. La délation était recommandée par les prêtres dans les chaires et dans le confessionnal ; de graves châtimens menaçaient les coupables qui se seraient méfiés de la clémence du prince. Les uns acceptèrent, les autres refusèrent, tout fut révélé, de sorte que les uns perdirent l’honneur, les autres la liberté ; le jubilé du duc de Modène fut une trahison universelle.

Ainsi, de 1821 à 1830, le système autrichien, approuvé au congrès de Vérone, triomphe dans toute l’Italie, excepté dans les États Romains : moins rude en Lombardie, à Venise et en Toscane, il est appliqué avec un surcroît de terreur chez les autres princes italiens, que la faiblesse entraîne à la violence. Au fond, les mouvemens de 1820 se réduisaient à des émeutes militaires qui échouaient en passant des casernes à la place publique. La bourgeoisie applaudissait sans agir, le peuple était plus qu’indifférent. La France appuyait l’Autriche, l’exemple de l’Espagne ne pouvait rien sur les masses, et la seconde insurrection italienne avait moins de succès que la seconde insurrection espagnole. Le parti bonapartiste ou national, vaincu à Macerata en 1815, était humilié à Rieti et à Novare en 1821 ; le parti démocratique, trompé dans les Calabres, à Gênes et à Milan en 1814, était vaincu avec Roussaroll à Messine en 1821 ; dans le centre et au sud de l’Italie, le carbonarisme survivait à la réaction, mais il était réduit à l’impuissance la plus absolue.


IV – La cour de Rome et la révolution de juillet

L’influence du système autrichien expirait aux confins des États Romains ; là, point de réformes, point de concessions ; le gouvernement