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réduit au monopole des prélats, forcé de multiplier les emprunts, soutenu tout à tour par les baïonnettes de l’Autriche, des Suisses et des volontaires, et compromet la sécurité de tous les princes italiens.. La violation du mémorandum de 1831, voilà la question italienne telle, que peut la poser la diplomatie, et cette question, ainsi, envisagée, paraît insoluble. Appliquer le mémorandum, réformer le gouvernement pontifical, c’est le séculariser, c’est le détruire. Est-il un gouvernement qui propose de séculariser la papauté ? Peut-on imposer au pape deux chambres et des ministres responsables ? Non ; avec les données actuelles de la politique, il n’y a pas de solution possible au problème italien. Il faut s’élever plus haut et se demander, non pas si on peut éteindre un foyer d’agitations dans la Romagne, mais si l’Italie peut sortir d’un état violent qui ne dure que par la terreur. Il ne faut pas prétendre supprimer la révolution ; il s’agit de la satisfaire dans ce qu’elle a de légitime, et cette tâche ne peut être accomplie ni par la France ni par l’Autriche : elle doit l’être par l’Italie elle-même. Le parti libéral au-delà des monts a donné assez de sang pour réclamer sa place dans le mouvement nouveau de l’Europe. Quelque soit l’avenir de la péninsule, on peut dès à présent reconnaître que l’avantage doit rester aux principes que ce parti a défendus au prix de tant de sacrifices. C’est à cette conclusion que nous a conduits l’histoire des tentatives révolutionnaires au-delà des Alpes ; c’est à cette conclusion que nous serons ramenés encore en interrogeant une autre fois la littérature politique de l’Italie.


J. FERRARI.