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On s’aperçoit que depuis quelque temps M. de Genoude a fait des lectures sur l’histoire de France.

Les invasions germaniques, le conflit des races barbares avec la civilisation romaine sur le sol de la Gaule, les premiers temps de la monarchie franque, tout cela forme un sujet sévère et difficile que M. de Genoude n’a pas encore osé aborder. Il a préféré remplir son premier volume par un tableau de la société gauloise pour lequel il a mis largement à contribution un estimable et savant ouvrage de M. Amédée Thierry, qui a écrit l’Histoire des. Gaulois depuis les temps les plus reculés jusqu’à l’entière soumission de la Gaule à la domination romaine. C’est avec le secours de M. Amédée Thierry que M. de Genoude se sert des commentaires de César ; il cite deux ou trois fois M Thierry, mais il l’exploite beaucoup plus souvent. Ainsi, il lui emprunte, entre autres choses, la traduction du passage où Orose trace une éloquente peinture des misères de la Gaule après qu’elle eut été broyée par la main puissante du rival de Pompée. D’autres auteurs sont aussi conviés à faire les frais du récit de M. de Genoude : nous rencontrons M. Ampère avec sa remarquable Histoire littéraire ; nous retrouvons M. Guizot, que suit de près M. de Chateaubriand. Si. M. de Genoude n’apprend rien de nouveau à ses lecteurs, au moins il renouvelle leurs meilleurs souvenirs.

Le rédacteur en chef de la Gazette de France ne se borne pas à user ainsi sans façon de ses devanciers, qui lui appartiennent, comme on sait ; c’est à lui-même qu’il fait aussi des emprunts. Dans le troisième livre, qu’il a intitulé le Christianisme dans les Gaules, notre étonnement n’a pas été médiocre de tomber sur environ cent pages que M. de Genoude avait consacrées ailleurs à la peinture des deux premiers siècles de l’église Ces pages se trouvent de cette façon publiées pour la troisième fois. En effet, elles ont d’abord paru dans une traduction des Pères de l’Église ; puis elles ont été reproduites dans la collection des œuvres de M. de Genoude ; enfin, nous les retrouvons dans le premier volume de l’Histoire de France. Voilà ce qui s’appelle ne pas laisser la lumière sous le boisseau. En faut-il davantage pour montrer avec quelle précipitation M. de Genoude a procédé ? Il a été surtout poussé par le désir d’expédier le plus tôt possible un volume à ses souscripteurs, et il s’est métamorphosé en historien avec une rapidité magique. C’est un changement à vue.

Si M. de Genoude veut écrire sérieusement l’histoire de France, chose qu’il n’a pas encore commencé de faire, même après la publication de son premier volume, il faut qu’il se résigne à consacrer des