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pour la loi et pour le corps vénérable qui en est l’organe. Il a su remplir ses devoirs envers la magistrature et envers lui-même. Il a donné un noble exemple dans l’intérêt de cette bonne harmonie qui doit toujours régner entre les principaux corps de l’état, nous sommes heureux de constater ce dénouement, dont tout le monde doit se féliciter.

Tandis que nos députés arrivent l’un après l’autre à Paris, et que nous agitons, un mois d’avance, les problèmes de notre future session parlementaire, d’autres peuples sont déjà rentrés avant nous dans la saison de l’activité politique. Les États-Unis procèdent en ce moment à l’élection du président. Leur immense scrutin, qui renferme plus de deux millions de votes, est ouvert. Deux partis sont en présence, mais avec des chances inégales. Les whigs, livrés à des rivalités implacables, divisés par des jalousies mesquines, perdent, par le défaut d’union et d’ensemble, les avantages qu’ils tiennent de la supériorité incontestable de leurs talens et de leurs lumières. Les radicaux, au contraire, forment un parti compact. Ils sont étroitement liés par des haines et des passions communes. La question du Texas est l’objet de la lutte. L’ambitieuse démocratie des États-Unis discute cette question avec son âpreté et sa violence ordinaires. Elle veut l’incorporation immédiate, au risque de susciter une guerre sanglante. Une fraction des whigs dirigée par un homme éminent, M. Clay, repousse l’incorporation immédiate, et veut que l’on attende, pour prendre un parti, le consentement unanime de tous les états. M. Polk, ce candidat improvisé du parti radical, ce héros populaire qui doit bien s’étonner de sa fortune, paraît avoir jusqu’ici le plus de chances pour être élu.

Les chambres néerlandaises et les chambres belges sont déjà rassemblées depuis près d’un mois. Le discours du roi des Belges ne mentionne, en fait de négociations, que le traité conclu avec l’union allemande et la convention postale passée avec l’Angleterre. En Portugal, le ministère, fortement attaqué, a obtenu de la chambre des députés un bill d’indemnité pour les mesures qu’il a prises pendant la suspension des cortès. La Grèce procède lentement à ses premiers travaux parlementaires. Dans la chambre des députés, la majorité est acquise au ministère. Il n’en est pas de même au sénat, dont les membres, pour la plupart, semblent rester fidèles à M. Maurocordato, qui les a nommés ; mais le ministère, dès qu’il le voudra, pourra s’assurer facilement une majorité dans le sénat par le moyen d’une promotion. On a beaucoup parlé d’une division sourde entre M. Coletti et M. Metaxas. Néanmoins, tout fait espérer qu’ils uniront sincèrement leurs efforts dans une œuvre commune, celle de l’organisation administrative du pays.

Les évènemens qui viennent de se passer en Espagne ont vivement ému l’Europe. S’il faut en croire les récits des journaux et les correspondances, une vaste conspiration dont le gouvernement tient aujourd’hui les fils entre ses mains, s’étendait sur tout le territoire. Le manifeste d’Espartero coïncidait avec les projets des révolutionnaires. Ces projets ont avorté partout.