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de nos jours sans faire injure à nul d’entre eux, n’eût certainement pas laissé prise sur un port si bien placé. Nous recherchons avec une louable sollicitude les moyens de former dans le commerce une forte réserve de bateaux à vapeur. Si Calais est un des points où il est le plus désirable d’en avoir une, l’état lui doit de la sécurité pour des circonstances que Dieu veuille écarter, mais qu’il faut prévoir et ne pas craindre.

Pour envelopper tout l’établissement maritime, il ne s’agirait que de reporter à environ 300 mètres en avant, sur le sommet de la dune qui lui est parallèle et s’élève au niveau de ses parapets, le front septentrional de la place. Ce serait environ 1,200 mètres de développement de fortifications à établir, le moindre fort détaché des dehors de Paris en a davantage, et le périmètre actuel des remparts ne serait pas augmenté de beaucoup plus de 300 mètres au moyen de ce travail, le port serait à l’abri de toute insulte. Ces nouvelles fortifications de Calais seraient entièrement établies sur des terrains domaniaux, l’emplacement de la partie inutile des fortifications actuelles et les terrains aujourd’hui nus qui avoisinent le port deviendraient ainsi disponibles. Tout cela est aussi domanial Un nouveau bassin pourrait être creusé sur l’esplanade de la citadelle ; les gares, les embarcadères du chemin de fer se développeraient à l’aise le long des quais, et la vente des terrains auxquels ce voisinage donnerait une grande valeur couvrirait avec usure les dépenses imposées au génie militaire.

Il n’est pas de population qui tienne dans notre histoire militaire un rang plus honorable que celle de Calais, qui ait donné de plus grands exemples de fidélité courageuse, de dévouement à la patrie. Sans remonter aux dates glorieuses de 1347 ou de 1558, il n’a manqué, pour devenir illustres pendant la guerre continentale, à tels pauvres matelots qui se réchauffent ignorés au soleil des quais de Calais, qu’un historien dont le talent fût au niveau de leur courage. Le culte que garde la ville pour la mémoire d’Eustache de Saint-Pierre, de François de Guise, du cardinal de Richelieu, témoigne du sentiment profond de nationalité de la population. Ce sentiment est l’ame d’une place de guerre, et c’est une raison de plus de donner à celle de Calais de quoi remplir le rôle auquel peut l’appeler l’honneur de notre pays.

Les paquebots anglais et français, qui font le service des postes entre Calais et Douvres, sont tous les jours les uns à côté des autres dans les bassins de ces deux villes. La comparaison était, il y a quelques années, à notre avantage ; mais les bateaux à vapeur sont comme