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indispensable au service de l’autre. Qu’on ne s’arrête donc pas à quelques millions de plus ou de moins pour achever le port ; l’établissement des communications entre Paris et Londres implique la nécessité d’une régularité parfaite, et le mot de Francklin, que le temps est de l’argent, semble avoir été dit pour cette circonstance.

Les travaux des ports, quand ils sont bien entendus, sont pour l’état des placemens avantageux. Les progrès du commerce de Boulogne, ont marché depuis quinze ans parallèlement à ceux de l’amélioration de l’atterrage[1] ; ils ont fait rentrer au trésor, par les douanes et les autres contributions dont ils ont affecté le produit, au-delà de ce que les travaux en ont fait sortir, et ce n’est pas sous ce point de vue positif, mais étroit, qu’il faut calculer les résultats des dépenses publiques : ce qui mérite la première mention est ce qu’elles procurent au peuple de travail, d’aisance, de bonheur. Les nouvelles avances à faire au port de Boulogne seront bientôt couvertes par le mouvement d’affaires déterminé par le chemin de fer. Le développement des relations dépassera ici la progression ordinaire que lui imprime tout perfectionnement des communications : les villes de Paris et de Londres s’agrandissent déjà sensiblement sous l’influence des lignes de fer qui condensent l’espace autour d’elles, et l’attraction réciproque qu’exercent entre elles les agglomérations d’hommes sont, comme celles des corps célestes, proportionnelles à leurs masses. Il est d’ailleurs probable que les relations existantes ne seront pas long-temps seules à ressentir l’influence du chemin de fer ; il en amènera bientôt de nouvelles : une grande partie de celles que nous entretenons par le Hâvre avec la mer du Nord et la Baltique se transporteront à Boulogne. La différence des distances par terre est peu de chose ; il n’y a de Paris au Havre que 42 kilomètres de moins que de Paris à Boulogne, et, par un si faible allongement de la route de terre, on épargnera les frais, les lenteurs et les

  1. Les travaux ont commencé en 1829, et l’état du produit des droits de douant et de navigation perçus à Boulogne donne une mesure irrécusable du mouvement des affaires. Voici cet état :
    francs francs
    1829 341,055 1837 781,645
    1830 314,028 1838 1,176,380
    1831 261,788 1839 1,056,103
    1832 272,766 1840 1,557,518
    1833 290,366 1841 1,803,765
    1834 353,160 1842 2,210,402
    1835 447,200 1843 1,927,274
    1836 675,085