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DESCARTES


ET


SON INFLUENCE SUR LA LITTERATURE FRANCAISE.




I.

Le caractère fondamental de la littérature française au XVIIIe siècle, c’est la recherche et l’expression de la vérité. La recherche implique le choix, parmi les vérités diverses, de celles qui sont nécessaires à la conduite de la vie. L’expression s’entend de la communication de la vérité, de l’art de la persuader aux autres et de leur en faire partager la possession.

La vérité cherchée, rencontrée et bien exprimée, c’est l’éloge qu’on fait de tous les bons écrits au XVIIe siècle. Là est la gloire de cette époque. Tous ces grands hommes se sont comme distribué le domaine de la vérité universelle, afin d’en faire valoir toutes les parties.

Balzac n’a pas mérité une médiocre estime pour avoir le premier compris cette fin de toute grande littérature, et que l’impatience même du mieux qui lui ôta si tôt la faveur publique avait été en partie son ouvrage. Quel était ce mieux dont il eut l’honneur de donner le goût, et qu’il essaya vainement de réaliser ? Les adversaires de Balzac l’avaient indiqué. C’était, d’une part, un sujet, c’est à dire un corps de vérités sur une matière déterminée, d’où il résultât un enseignement pour la conduite de la vie ; et, d’autre part, un langage exact, c’est-à-dire simplement approprié à ces vérités.