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Notre premier soin devait être de caractériser le monument : nous venons d’en indiquer les principaux traits distinctifs. Il nous reste maintenant à déterminer, s’il est possible, l’époque de sa construction et les circonstances au milieu desquelles il dut être élevé.

Voyons d’abord si, parmi les documens écrits que nous pouvons consulter, il en est qui nous aideront à résoudre ce problème.


III

Un doyen du chapitre de Noyon, Jacques Levasseur, publia en 1633 un volume in-4o de 1,400 pages, intitulé : Annales de l’église cathédrale de Noyon. C’est l’œuvre d’un bon religieux, plein d’amour pour son église, mais mieux instruit des devoirs du chanoine que de ceux de l’historien. Il discute très-sérieusement la question de savoir si le nom de Noyon ne vient pas de celui de Noé, lequel descendit en personne en notre Gaule. Cette crédulité en fait d’étymologie donne la mesure du discernement de l’auteur. C’est partout la même bonhomie, le même défaut de critique. S’il a puisé aux sources originales, s’il a connu, comme tout porte à le croire, des manuscrits qui n’existent plus aujourd’hui, ces trésors se sont tellement altérés dans ses mains, qu’il est presque impossible maintenant d’en dégager l’alliage, et c’est là pourtant la seule histoire que nous puissions consulter sur les origines de la ville et de l’église de Noyon.

Jean Cousin, dans ses Chroniques et Annales de l’évêché de Tournay, qui parurent en 1619, raconte la vie des évêques de Noyon pendant ne formèrent qu’un seul siége épiscopal, c’est-à-dire jusqu’en 1146 ; mais il ne parle pas de la cathédrale de Noyon. Il est vrai que le peu de mots qui lui échappent au sujet de celle de Tournay ne sont pas fait pour que son silence nous inspire beaucoup de regrets.

Dans le siècle précédent, un chanoine et pénitencier de l’église de nombreux écrits sous le nom de Democharès ; son véritable nom était Antoine de Mouchy. Confident et familier du cardinal de Guise, il l’accompagna au concile de Trente, en 1562. C’était un ardent catholique, un des commissaires du procès d’Anne Dubourg, s’attribuant le titre d’inquisiteur de la foi de France, et en exerçant les fonctions. Malgré son zèle violent, il avait du sens, de la pénétration ; ses écrits servent à rectifier plusieurs dates et à établir certains faits historiques relatifs au diocèse de Noyon. Malheureusement, il ne s’est pas non plus occupé de notre église.