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vail opiniâtre de six mois ; mais si l’on songe que les fouilles furent recommencées avec la chaleur, que, durant trois mois, le thermomètre marqua 46 degrés à l’ombre, et que pendant tout ce temps le vent meurtrier du désert, le sam, venait nous asphyxier, on s’étonnera sans doute de la persévérance et de l’énergique volonté qui maintinrent les ouvriers sur leurs fouilles, malgré la maladie d’un grand nombre et la mort de quelques-uns. Après six mois de ce labeur opiniâtre et consciencieux, on avait mis au soleil les restes d’un vaste palais comprenant quinze salles attenant les unes aux autres, et formant un plan d’ensemble dont la surface est représentée par 22,000 mètres carrés. Cependant ce n’est là qu’une portion d’un vaste palais antique, car les débris éloignés que j’ai retrouvés sont autant de traces au moyen desquelles on peut se faire une idée de la grandeur totale du monument ; mais il serait impossible, d’après ce qui reste, de refaire le plan complet de cet édifice, et même difficile de tracer le périmètre dans lequel il était compris ; car, dans l’hypothèse très admissible où le monticule actuel aurait été la base d’un palais couvrant sa surface totale, il en manquerait plus de la moitié. On ne peut déterminer avec certitude que la longueur de cet édifice ; j’ai retrouvé, en effet, une porte isolée et ruinée à la place qu’elle occupait, à 150 mètres de l’endroit où les dernières constructions découvertes se sont arrêtées. L’édifice entier aurait donc eu 300 mètres de long sur 150 de large. Qu’est devenu tout ce qui manque ? C’est ce qu’il est impossible de dire ; mais d’après toutes les observations que j’ai faites, je crois avoir acquis la preuve qu’un grand nombre de pierres ont été enlevées, que d’autres, sur lesquelles les sculptures ont été effacées, avaient été préparées pour être transportées ailleurs, et que les matériaux d’une grande partie de ces monumens ont servi à la construction d’édifices postérieurs dans une autre localité. Quant à la portion qui a fourni un ensemble de façades et de salles, celles-ci ne sont pas également bien conservées, et elles présentent des interruptions très regrettables. En continuant les fouilles à partir du point où M. Botta les avait laissées, et en poursuivant les tranchées dans la direction du centre de l’éminence, j’ai trouvé neuf salles intactes avec leurs quatre murs debout ; il s’en est offert six, dont une partie était tombée, et enfin, en me rapprochant de plus en plus du centre, je n’ai retrouvé que des façades interrompues, éloignées l’une de l’autre, entre lesquelles il y a certainement eu d’autres salles ; mais tous les matériaux en ayant été enlevés, elles ont disparu totalement, et de manière à ce qu’il soit tout-à-fait impossible d’en reconstruire le plan autrement que par