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fort simple qui pourrait procurer à la France des avantages beaucoup plus grands ; mais de ce qu’on néglige celle-ci, ce n’est pas une raison pour repousser l’autre. Après tout, une économie de plus de 13 millions par an, si facilement réalisable, n’est jamais à dédaigner, et surtout en face d’un budget en déficit.

Mais ce n’est là que le premier pas à faire. En supposant une conversion en 4, chose facile, nous l’avons dit, l’économie est double, soit de 26 millions 800,000 francs par an. À ce point, la mesure s’élève, et son importance frappe les yeux. Enfin, une conversion en 3 trois quarts porterait le bénéfice annuel à réaliser sur le 5, à 33 millions 500,000 francs. Il est entendu, en outre, que, dans cette dernière hypothèse, l’opération devrait embrasser le 4 et demi et le 4, qui seraient ramenés au taux commun. La réduction à faire sur ces deux fonds ne s’élèverait guère, du reste, qu’à 1 million, ce qui, ajouté à la somme précédente, constitue une économie totale de 34 millions 500,000 francs.

Voilà donc en somme ce que l’état peut gagner annuellement. Pour arriver à ce résultat, nous n’avons en rien forcé les hypothèses, ni exagéré les chiffres. Tout ce que nous venons de supposer est chose possible, réalisable dès à présent. Encore une fois, nous ne demandons pas qu’on l’entreprenne ; mais nous affirmons que ces résultats sont entre les mains du premier ministre qui, avec la puissance d’agir, aura la ferme volonté de faire le bien.

Dans tout ce qui précède, nous avons supposé qu’en opérant la conversion des rentes, on suivrait le système le plus direct, celui que la seule nature des choses indique, et qui consiste simplement à offrir aux porteurs de rentes, en échange du fonds que l’on veut convertir, un autre fonds plus bas, et pourtant déjà supérieur au pair, de manière que, par la seule considération de sa valeur propre, il puisse être accepté de préférence au remboursement. Mais il existe un autre système, qui permettrait de réaliser pour le présent des économies encore plus larges, système qui a été pratiqué ailleurs et recommandé en France par de très bons esprits. Il consiste à offrir aux rentiers un fonds inférieur au pair, c’est-à-dire insuffisant par lui-même pour être accepté comme l’équivalent d’un remboursement effectif, mais en accompagnant cette offre de certains autres avantages propres à dédommager les rentiers de la perte réelle que la conversion leur ferait alors éprouver. Éclaircissons cette idée par un exemple.

La somme des rentes 5 pour 100 est, comme on l’a vu, d’environ 134 millions, représentant un capital de 2,680,000,000. Par une conversion en 3 trois quarts, l’intérêt annuel de cette somme serait donc