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ABELARD.




Nous avons sous les yeux les bonnes feuilles d’un ouvrage sur Abélard, par M. de Rémusat. La publication en sera prochaine[1]. Depuis long-temps on savait dans le monde littéraire que l’auteur s’était occupé du célèbre philosophe du XIIe siècle, et qu’il avait fait une étude approfondie de sa vie et de ses ouvrages. C’est le résultat de ces travaux qui va paraître ; c’est une œuvre étendue, une monographie complète ; Abélard y est considéré comme homme, comme philosophe, comme théologien. Sa vie a été récrite avec soin, d’après les témoignages originaux, d’après les nombreux ouvrages publiés à toutes les époques sur le plus illustre professeur de l’école de Paris, sur le héros du roman le plus populaire, sur ce personnage dont le nom semble à la fois appartenir au domaine de l’histoire et à celui de l’imagination. Cette biographie, qui offre en même temps un tableau général de la société intellectuelle au moyen-âge, est à elle seule un ouvrage considérable ; mais elle n’est que la première partie du livre, et elle est suivie de deux autres parties où les écrits d’Abélard sont analysés, commentés, jugés, et qui font connaître en détail ses opinions métaphysiques et ses opinions religieuses, sa manière d’écrire, la tendance de son enseignement, son rôle dans la grande guerre de l’examen et de l’autorité, de la science et de l’église. Ce travail est essentiellement philosophique, et peut servir à l’histoire de la scolastique, de cette science célèbre et bizarre, qui, depuis un temps, attire l’intérêt et provoque les recherches de tant d’esprits distingués, et qui peut-être avait par avance ravi nue grande part de leur originalité aux plus récens

  1. Deux vol. in-8, chez Ladrange, quai des Augustins.