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avec celui de Londres une nouvelle convention qui, moyennant un subside de deux millions sterling accordé à l’empereur, interdisait aux deux cours de traiter l’une sans l’autre avant le mois de janvier de l’année suivante. Par suite de cet accord, les préliminaires de Paris ne furent pas ratifiés. Néanmoins l’Autriche, qui n’était pas encore prête, offrit de continuer les négociations, et demanda à cet effet une prolongation d’armistice qu’elle n’obtint qu’en livrant à la France plusieurs des principales forteresses de l’Allemagne. Quelques semaines s’écoulèrent encore en inutiles pourparlers. Il y eut même entre la France et l’Angleterre des tentatives d’accommodement. M. Otto, envoyé à Londres par le premier consul sous prétexte de traiter de l’échange des prisonniers, s’aboucha avec lord Grenville pour essayer de tomber d’accord sur les conditions d’un armistice maritime, mais il leur fut impossible de s’entendre. La France voulait que cet armistice lui donnât toute facilité pour ravitailler l’armée d’Égypte et la garnison de Malte ; l’Angleterre, qui comptait sur la prochaine reddition de Malte, étroitement bloquée depuis près de deux ans, ne pouvait consentir à une telle stipulation. Malte, quelques jours après, se rendit aux Anglais. Dans le cours de cette même campagne ils enlevèrent encore à la France l’île de Gorée, sur la côte du Sénégal, et à la Hollande la colonie de Curaçao dans les Indes occidentales.

Le premier consul ayant perdu tout espoir de décider l’Autriche, par les moyens de conciliation, à se séparer de l’Angleterre, les hostilités recommencèrent. Elles furent courtes et décisives. Le 2 décembre, Moreau gagna sur l’archiduc Jean la bataille d’Hohenlinden, un des faits d’armes les plus éclatans des guerres de la révolution. L’Autriche, dès-lors, n’avait plus de défense, elle devait subir la loi. L’archiduc Charles, rappelé au commandement, n’eut d’autre ressource, pour procurer à son gouvernement le temps nécessaire à l’ouverture de la négociation, que de payer une nouvelle suspension d’armes par l’abandon de toutes les positions militaires dans lesquelles la capitale de l’empire trouvait encore une apparence de protection.

L’Angleterre se trouvait de nouveau réduite à un complet isolement, sans autre allié que le Portugal, qui, loin de pouvoir lui prêter aucun secours, allait avoir à demander sa protection contre une invasion de l’armée espagnole provoquée par l’influence française. Comme si un tel état de choses n’eût pas été déjà assez accablant pour le gouvernement britannique, un nouvel et puissant ennemi se déclara tout à coup contre lui. L’empereur de Russie passa subitement, de l’attitude incertaine et grondeuse dans laquelle il se renfermait depuis près d’une année, à une hostilité déclarée. L’occupation de Malte par