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VOYAGE ARCHÉOLOGIQUE À NINIVE.

biens. Les bas-reliefs nous présentent en effet des personnages aux cheveux crépus et au visage imberbe portant tous les signes caractéristiques de la race nègre, avec un costume analogue à celui qu’ils ont conservé de nos jours, armés enfin des mêmes coutelas recourbés dont ils se servent encore aujourd’hui. À côté de ces combats et de ces assauts, on voit d’autres prisonniers qui implorent le roi d’Assyrie et sont tenus par des chaînes attachées à un anneau passé dans la lèvre inférieure. L’Écriture nous a conservé la tradition de cet usage antique, et les bas-reliefs de Ninive viennent attester l’exactitude de ce passage du livre des Rois, où Sennacherib, menaçant de sa colère le roi de Juda, lui dit : « Je te mettrai un cercle au nez et un mors à la bouche. » D’autres costumes et d’autres particularités distinctives entre tous ces tableaux sculptés peuvent également rappeler les conquêtes de Salmanazar et de son successeur Sennacherib, qui portèrent plusieurs fois la guerre en Syrie, en Phénicie et en Judée. L’Écriture nous dit que les peuples de ces contrées ne connaissaient point l’usage des chariots ni des chevaux ; or, sur les bas-reliefs qui semblent reproduire des combats avec des Syriens ou des Juifs, on ne voit figurer ni char ni cavalier, tandis que l’on remarque des cavaliers dans les tableaux où l’on croit reconnaître des Mèdes ou des Perses.

Si l’on interroge l’histoire, on est amené à reconnaître dans Salmanazar et Sennacherib les deux princes les plus belliqueux de la seconde époque de Ninive. Teglatphalazar, imploré par Achaz, roi de Juda, et décidé à lui prêter assistance par les riches présens que lui fit ce monarque, s’empara de Damas, de la Galilée, et mit Israël à contribution ; mais ces victoires sont de peu d’intérêt, comparées à celles de Salmanazar et surtout de Sennacherib. Les conquêtes de ce dernier laissèrent bien loin derrière elles les triomphes de ses prédécesseurs, et elles étaient sans contredit plus dignes d’inspirer les artistes qui ont buriné les hauts faits retracés sur les murs du palais de Khorsabad.

Le quatrième roi de cette période, Assarhaddon, a également des titres à l’attention de la postérité. Il s’empara de Babylone et réunit son territoire à l’empire assyrien ; il reprit la Syrie et la Palestine, qui avaient secoué le joug, défit Manassé, roi de Jérusalem, et l’emmena à Babylone. Nabuchodonosor Ier fit aussi quelques conquêtes ; il battit les Mèdes et prit Ecbatane ; son général Holopherne porta la guerre en Judée. Son successeur Saracus n’a laissé que son nom et le souvenir du mépris que sa paresse et ses vices inspirèrent à ses sujets. Ce fut sous son règne que Ninive fut détruite pour la seconde fois, et que