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De toutes ces observations, il résulte, ce me semble, qu’il ne peut y avoir d’hésitation, relativement à l’origine des palais de Khorsabad, qu’entre Assarhaddon et Nabuchodonosor Ier. J’ajouterai que, pour mettre d’accord les deux opinions qui pourraient s’élever à ce sujet, je crois avoir fait une remarque qui n’est pas sans importance et qui porte sur la configuration du périmètre et du plan des monumens. Ce plan est irrégulier et se présente, dans son ensemble, sous la forme d’un grand rectangle auquel aurait été ajouté un second quadrilatère, de plus petites dimensions, et qui, par toutes les traces retrouvées, ne paraît pas se rattacher d’une façon symétrique au premier. À l’endroit même où finit l’un et où aurait commencé l’autre, j’ai trouvé des constructions dont il est difficile d’expliquer l’arrangement et l’ordonnance ; ces constructions pourraient faire croire que tout l’édifice n’a pas été conçu d’un jet, et qu’au contraire, une portion en ayant été construite, on aurait voulu y faire des additions plus ou moins bien raccordées avec les parties existantes. Il serait alors possible que la portion primitive appartînt à Assarhaddon, et que les constructions postérieures, qui ont fourni le plus de monumens complets, dussent être attribuées à Nabuchodonosor Ier.

Ces observations paraîtront bien minutieuses et bien subtiles, ces présomptions bien hasardées ; pourtant elles ne sont pas aussi vaines qu’on serait porté d’abord à le croire. Elles s’appuient sur un examen consciencieux des sculptures retrouvées à Khorsabad. En attendant que la science ait pu interpréter les inscriptions qui les accompagnent, on peut donc, je le crois, considérer l’un des derniers princes du second empire d’Assyrie comme le fondateur de ces palais, et, choisissant entre Assarhaddon et Nabuchodonosor Ier, on ne doit pas en faire remonter la création au-delà de la fin du VIIIe siècle avant Jésus-Christ. C’est une date assez reculée pour laisser à ces monumens tout le prestige d’une respectable antiquité, et elle est en même temps assez rapprochée de l’époque de Persépolis et des premières sculptures grecques pour expliquer l’analogie frappante qui existe entre l’art ninivite et celui des Perses, des Grecs et des Étrusques.

J’ai dit qu’au-dessus des plaques sculptées qui revêtent les murs des palais de Khorsabad, il avait dû exister à l’intérieur des salles, comme sur les façades extérieures, une frise formée avec des briques cuites émaillées. La plupart des fragmens qui en ont été retrouvés ont présenté, en effet, les traces évidentes d’un émail devenu terreux par l’action de l’incendie qui a consumé l’édifice, mais dont certaines parties se trouvaient encore à un état presque parfait de vitrification. Si l’on ignore quels étaient les procédés employés par les Ninivites