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LES


RUINES DE VIJAYANAGAR.




I.

Il y avait bientôt quatre ans que le 55e régiment de sa majesté britannique était en garnison à Bellary, dans la présidence de Madras, aux Indes orientales, et cependant aucun de ses officiers n’était encore allé visiter les admirables ruines de Vijayanagar, qui n’en sont éloignées que d’une dizaine de lieues à vol d’oiseau. Il faut sans doute attribuer cette indifférence apparente à la mauvaise réputation de cette localité, où de terribles fièvres intermittentes sont endémiques à toutes les saisons de l’année. C’est encore probablement la même cause qui a écarté de ces ruines les peintres, les historiens et les touristes, bien qu’elles puissent rivaliser avec les premières du monde sans peut-être en excepter la Palmyre de Volney. Le moment était enfin venu où nous devions réaliser un projet long-temps médité. Cinq d’entre nous avaient obtenu un congé d’un mois, qu’ils se proposaient, de mettre doublement à profit, en explorant toutes les merveilles enfouies au désert et en chassant les paons, les sangliers et les tigres qui se sont installés dans les demeures abandonnées de l’homme.

Notre départ, fixé à dix heures du soir, par une belle nuit de mars, avait été retardé par une fête mensuelle à laquelle quelques-uns de nos camarades se seraient fait un scrupule de manquer. Cette fête de