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Urvasi, Menaca et Tillotama, dont les traits, les formes et les contours, paraissent avoir été copiés sur les plus beaux modèles humains. Ce sont ces groupes de personnages qui supportent l’énorme toiture. La grace et la légèreté des figures corrigent ce que l’édifice pourrait présenter de trop massif. Tout cela avait été richement colorié, mais la peinture a presque entièrement disparu.

Derrière ces salles s’étendent les cloîtres ordinaires, remarquables seulement par la coquetterie des ciselures qui décorent toutes les corniches ; puis on trouve une esplanade et d’autres temples collatéraux. À quelques mètres en avant des degrés qui conduisent au portique principal est un char qui a fait donner à cette pagode le nom de Car pagoda, par lequel elle est mieux connue des touristes anglais. C’est la prétendue imitation d’un char céleste. L’idée indoue de ce véhicule divin ne rappelle nullement les modèles de chars que nous ont laissés les Grecs ; la forme est beaucoup moins gracieuse et a une ressemblance assez marquée avec celle d’un hackery, une des voitures à bœufs en usage aujourd’hui dans le pays. Dans le modèle en question, les roues, l’essieu, le timon et tout le corps du chariot sont en granit. Cette lourde machine était surmontée d’une coiffe pyramidale, dans le style des portes de pagodes, en briques et en plâtre. À l’époque de ma visite, en 1836, tout cela tombait en poussière.

En débouchant du temple de Vitaladeva, tournez à droite ou gauche, et vous trouverez dans le prolongement de l’esplanade une foule d’autres pavillons et d’autres temples construits sur une plus petite échelle, mais des mêmes matériaux et toujours élégans. Ils sont consacrés à des divinités inférieures. Tous sont évidemment d’une date beaucoup plus récente que celle du temple de Viroupacsha qui se perd dans la nuit des temps, et la plupart furent construits au XVe siècle, la période la plus brillante de la capitale. Des inscriptions en tamoul, en telinga et en sanscrit indiquent que divers morceaux d’architecture sont dus à la magnificence de Crishna-Raja, entre autres un portique conduisant à l’un des petits temples, malheureusement le plus délabré, dans la cour de Vitaladeva. Il est de l’époque de son couronnement. L’inscription nous apprend que les revenus d’une pièce de terre ont été assignés par ce prince pour la construction, l’entretien et le service de cette pagode. Plus loin, dans le même quartier, on voit les ruines de son palais. Un tertre élevé, dont la base est entourée de maçonnerie, indique la place où s’élevait le trône des rois de Vijayanagar.