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on voit en même temps que les combinaisons en sont dirigées dans un esprit tout différent de celui qu’on imagine. Si le gouvernement belge avait eu la pensée qu’on lui prête, il eût élevé le tarif sur la ligne d’Anvers à Courtray, concurrente d’une ligne navigable, tandis qu’il l’eût abaissé sur celle d’Anvers à Liége, où il n’existe pas de canaux, et il a fait précisément tout le contraire. C’est qu’en effet, par les graduations non arbitraires, mais très raisonnées, très conséquentes de son tarif, il a eu pour but de ménager le chemin de fer dans la lutte fort inégale qu’il avait à soutenir contre les canaux pour le transport des marchandises pesantes. Oui, le gouvernement belge a subordonné les tarifs du chemin de fer à l’existence des canaux, mais ce n’est pas en vue de ménager ces derniers, qui n’avaient pas besoin, et l’expérience le prouve, de tels ménagemens. Il l’a fait uniquement pour attirer autant que possible au chemin de fer quelque chose de l’énorme clientelle de ses rivaux. C’est pour atteindre ce but qu’il a abaissé les tarifs jusqu’aux dernières limites du possible là où la concurrence existe, sauf à se dédommager ailleurs.

Le plus bas prix normal du tarif belge est donc de 8 c. 4. Quant aux exceptions ou restrictions, les voici :

Il est entendu d’abord que les prix ci-dessus, bien que fixés par 100 kilog., ne sont applicables qu’à des chargemens entiers de vagons, de 4,000 à 4,500 kilog. Toutefois, les marchandises pesant moins de 4,000 k. et plus de 500 sont admises aux mêmes prix, mais avec cette restriction qu’elles ne seront expédiées qu’en dedans des trois jours, c’est-à-dire que l’administration se réserve dans ce cas la faculté de les faire servir, en temps utile, à compléter ses chargemens. Il est fait une remise de 10 pour 100 aux marchandises de la première classe quand elles sont expédiées par chargemens de 20 vagons et plus ; la remise est de 20 pour 100 pour la houille et les fontes de fer en gueuses à transporter à 80 kilomètres et plus ; elle est de 30 pour 100 pour l’exportation.

Dans tout l’ensemble de ce tarif aussi bien que dans chacune de ses dispositions, deux pensées se manifestent, à ce qu’il nous semble, d’une manière bien frappante et bien claire. La première, c’est de ne pas ménager les canaux, ou plutôt d’obtenir, à l’aide même de quelques sacrifices, que le chemin de fer participe au mouvement considérable qui les anime. C’est ainsi d’abord qu’on abaisse les tarifs sur les lignes qui leur sont parallèles en les relevant ailleurs ; c’est encore ainsi qu’on accorde des remises pour les gros chargemens qui semblent appartenir plus particulièrement à la voie navigable ; c’est dans