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auront été amplement dédommagés de leurs dépenses, sans parler des agrémens de toute nature et de l’amélioration des conditions sanitaires du pays, dont ils seront les premiers à profiter. Dès-lors, tout ce que les canaux représentent aujourd’hui en capital, tout ce qu’ils produisent comme exploitation commerciale, comme valeur financière, devra être considéré par eux comme un bénéfice net. Qu’on cherche ailleurs dans le monde une plus magnifique spéculation !

Hâtons-nous d’ajouter toutefois qu’une semblable exploitation des voies navigables ne serait ni régulière ni juste. Puisque la construction des canaux profite à la fois à l’agriculture et au commerce, il n’est pas dans l’ordre que le commerce seul en fasse les frais. Que les charges se partagent, puisque l’utilité est double ; que les propriétaires de terres pourvoient à la construction des canaux et le commerce à leur entretien, ou bien que l’état intervienne pour concilier, à l’aide de subventions, ces intérêts divers : voilà ce que la raison et la justice demandent. Aussi le système anglais n’est-il pas, à cet égard, un exemple à suivre. Nous établirons plus clairement cette vérité dans la seconde partie de ce travail, et nous verrons aussi ce que devient la prétendue concurrence des chemins de fer et des voies navigables dans ces nouvelles conditions.

Ch. Coquelin.