Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/572

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Malgré la pureté soutenue de la langue et le fini des détails, qui sont le véritable mérite de son dernier ouvrage, j’ai pourtant quelques observations grammaticales et quelques remarques techniques à présenter à M. Brizeux. Il me pardonnera la minutie de ces critiques, lui qui sait si bien qu’il n’y a pas de poésie sans la double perfection de la langue et du rhythme : In tenui labor… Je commence :

M. Brizeux a employé deux fois cet hémistiche

Les landes embaumaient… (pages 6 et 356)


c’était trop d’une. Embaumer pris absolument n’est reçu que dans la conversation. On dit : cette rose embaume ; mais on ne l’écrit pas, surtout en vers. — Je lis dans le chant des Fiançailles :

Le chien à sa façon leur entonne une aubade.


Entonner une aubade ne me paraît pas exact, et leur entonner est une expression incorrecte et qui prête à l’équivoque.

Dans le septième chant, le poète cite au nombre des prix offerts aux lutteurs

Une ceinture en laine et large de quatre aunes,


et dans le chant des Réfractaires, il dit :

La maison est bâtie au bord de la rivière ;
Si le toit est en paille, elle a des murs en pierre.


La correction demandait :

Si le toit est de paille, elle a des murs de pierre.


Il m’est impossible d’approuver cette locution du monde, pour une foule considérable :

C’est aujourd’hui qu’il va du monde vers Kemper.


On lit dans le huitième chant (le Chasse-marée) :

Plus de batteurs de seigle, ici, plus de faucheurs,
Mais des canots chargés de mousses, de pêcheurs…


Des canots chargés de mousses présentent, au premier coup d’œil, un sens fort différent du véritable. — Dans ce passage :

Bientôt, comme ils causaient entre eux d’Énèz-Eussâ
(L’île d’Ouessant), Lilès plus hardi commença…


Cette parenthèse explicative, privée de grace et de nombre, serait