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THÉÂTRE DE HROSVITA


Traduit par M. Charles Magnin[1]




Une religieuse saxonne du xe siècle avait lu Térence, avec quelles délices et quel enchantement ! Dieu seul peut le savoir. Imaginez les délicatesses de l’Andrienne, les tendresses de l’Hecyre, le souffle amoureux de Ménandre, et les murmures voluptueux des jeunes Athéniens sous les portiques de leurs étaïres, étudiés dévotement par la nonne allemande, qui pouvait avoir vingt-cinq ans, et vivait sous le règne des Othons. Pour moi, je me plais à me représenter cette lecture, commencée, interrompue, reprise et continuée quelque soir d’été, sous l’ombre transparente et chaude des grands chênes, au bord du fleuve Ganda ; elle a dû coûter bien des soupirs, bien des larmes et de douloureux triomphes à la nonne de vingt-cinq ans. « Que ce Térence est profane ! a-t-elle dû se dire ; qu’il est charmant et dangereux ! Si l’on appliquait à la légende, c’est-à-dire à des histoires utiles et sacrées, son art poétique, son aimable dialogue, cette succession variée de personnages empruntés à toutes les conditions et parlant le langage de leurs caractères et de leurs mœurs, ne pourrait-on pas édifier vivement les ames, et ne serait-ce pas un heureux accommodement entre la volupté et la vertu, la piété et le plaisir ? Parler

  1. 1 vol. in-8, chez B. Duprat, rue du Cloître Saint-Benoît, 7.