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L'ALPUXARRA.




DERNIERE PARTIE[1]



III.

J’avais fait, à Almérie, la connaissance d’un compatriote, M. T… de Grenoble ; compromis dans la conspiration de Paul Didier, il avait depuis lors quitté la France. Après avoir erré quelques années en Suisse et ailleurs, il avait fixé ses pénates en Espagne, où il exploitait plusieurs établissemens métallurgiques. Précisément alors ses affaires l’appelaient dans l’Alpuxarra ; il fut décidé que nous ferions le voyage ensemble. C’était une bonne fortune pour moi, qui trouvais en M. T… un guide instruit et profondément versé dans la connaissance des lieux que je voulais visiter. J’avais licencié, en arrivant à Almérie, mes deux carabiniers ; le mozo fripon s’était licencié lui-même, à ma grande satisfaction. Je me pourvus d’un autre écuyer, et dus me contenter cette fois pour escorte d’un seul piéton armé d’une escopette ; il est vrai que l’arsenal de mon nouveau compagnon de voyage était aussi bien fourni que le mien : il avait comme moi dans ses fontes des argumens péremptoires, et son fusil de chasse à deux coups figurait avec avantage à côté de mon tromblon.

Almérie a quatre portes : la porte du Secours, la porte du Soleil, celles de la Mer et de Purchena ; nous sortîmes par la dernière, et prîmes la direction du nord. Le chemin, qui est d’abord assez bon, forme la tête d’une route

  1. Voyez la livraison parue dans la livraison du 1er  août.