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l’assiduité résulte virtuellement soit de l’exercice même des fonctions, soit de certains actes dont la rédaction ou la signature implique ou atteste la présence de l’agent. L’assiduité a pour complémens l’exactitude et la régularité. On ne peut guère définir les qualités qui constituent le fonctionnaire exact et régulier ; seulement il appartient aux règlemens intérieurs d’interdire certaines habitudes de paresse ou de dissipation. On trouve à ce sujet dans les vieilles ordonnances de naïves dispositions, qui n’ont pas toutes perdu leur à-propos. L’une d’elles (1320) défendait aux membres du parlement « de demander et raconter nouvelles et esbattements, et si aucuns, ajoutait-elle, en veust demander ou raconter, il le pourra faire quand midi sera sonné. » Une ordonnance du 3 août 1388 prescrit aux officiers de la chambre des comptes d’apurer sur-le-champ les comptes qui leur sont confiés, « car il survient chacun jour tant de besoignes nouvelles, que toutefois les vieilles en sont oubliées. » Aujourd’hui, les règlemens des administrations centrales sur les seuls qui contiennent des dispositions de ce genre. Il en est qui interdisent les visites de bureau à bureau étrangères au service, qui défendent aux employés de prendre leur repas dans leur bureau, de s’y livrer à des conversations particulières, d’y lire, pendant les heures de travail, les journaux et les livres étrangers au service de l’administration : prescriptions utiles, mais vaines, si les chefs n’en assurent pas l’exécution par une surveillance continue. Ordinairement le temps qui doit être consacré à chaque espèce d’emploi est fixé. On détermine, par exemple, le nombre et la durée des audiences des cours et tribunaux, des leçons des professeurs, et les heures que les employés doivent passer dans leur bureau. Toutes ces injonctions se résument dans l’obligation générale de satisfaire aux besoins du service et d’y apporter la ponctualité ou la promptitude que le public est en droit d’exiger, sans nuire toutefois aux études accessoires et à la maturité de l’examen dans les fonctions, qui ne demandent pas seulement l’accomplissement matériel de certains actes.

Le gouvernement de juillet, dont on n’apprécie pas toujours assez les bienfaits pratiques, et sous lequel, grace à l’impulsion des chambres et de l’opinion, les règles de bonne administration se sont développées et affermies, a vu presque entièrement disparaître un abus inconciliable avec les devoirs d’exactitude, d’assiduité et même de résidence que nous venons d’énumérer : nous voulons parler du cumul, c’est-à-dire de la réunion de plusieurs emplois dans une seule mains. Souvent la même personne était investie de deux ou trois fonctions,