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inquisitions. Il était défendu, par exemple, aux consuls de contracter mariage sans l’agrément du roi. A présent encore, dans les contributions indirectes, les employés du service actif sont tenus, lorsqu’ils se marient, d’en informer leurs chefs. L’administration examine si l’alliance est convenable et si l’employé peut être maintenu dans sa résidence. Les officiers de l’armée ne peuvent pas non plus se marier sans la permission du ministre de la guerre. Ces précautions s’expliquent. Le mariage modifie profondément la situation de ceux qui le contractent ; il peut influer sur leurs moyens d’existence par les ressources qu’il leur apporte ou les charges dont il les grève, et sur leur considération par les circonstances qui les y ont conduits et la nouvelle famille qu’il leur donne.

Nous ne quitterons pas le fonctionnaire, considéré en dehors de ses fonctions proprement dites, sans le suivre sur le terrain de la politique, où il est souvent appelé par nos mœurs et par nos institutions. Sa liberté y est-elle complète ? Des devoirs spéciaux pèsent-ils sur lui ? C’est ce qu’il faut examiner.

Le fonctionnaire prête serment de fidélité à la charte et au roi. Il ne peut se prononcer contre le régime politique consacré par la constitution, contre le chef qu’elle a placé à la tête de la nation. Il violerait ses engagemens les plus sacrés ; aucun gouvernement ne peut admettre pour intermédiaires entre les citoyens et lui des hommes qui le nient. Sur ces principes, tous les partis sont d’accord ; chacun à son tour, en faisant des destitutions ou en les provoquant, est arrivé à la même conclusion. La sûreté de l’état y est attachée aussi bien que l’honneur des individus. Toutefois cette doctrine ne peut s’appliquer qu’au cas de manifestations extérieures. Rechercher les sentimens que le fonctionnaire tient renfermés au fond de son cœur serait une odieuse inquisition, et s’en armer pour le frapper, une mesure de tyrannie. Si des ministres passionnés l’ont osé quelquefois, la conscience des honnêtes gens a protesté contre ces violences.

Mais on peut être en dissentiment sur des questions moins essentielles. Dans un état constitutionnel, la liberté des opinions crée des partis nombreux parmi les hommes même les plus dévoués à la forme du gouvernement et à la personne du prince. Les uns placent au premier rang les douceurs de la paix, les autres la dignité du pays. Ceux-ci pour suffisans, peut-être même pour excessifs, les droits politiques dont jouissent les citoyens ; ceux-là seraient d’avis de les étendre. Mille questions s’agitent. L’enseignement public sera-t-il laïque ou religieux ? Quel sera le système des impôts ? Quelles alliances