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éclatant, et de prouver ainsi qu’il n’est, malgré des ressentimens légitimes, ni injuste ni systématique.

Le lendemain même du jour où l’arrêt avait été cassé, la reine d’Angleterre venait en personne clore le parlement. Cette session laissait donc le ministère dans une situation difficile vis-à-vis de l’Irlande. Loin d’acquérir quelque force pendant les derniers mois, il en avait perdu.

La question religieuse, qui, quelques mois plus tard, devait donner de grands embarras au cabinet, était, pendant le cours de la session, restée à peu près stationnaire. En Écosse, la scission presbytérienne continuait à faire quelques progrès et à se constituer solidement. Dans l’église anglicane, la querelle de la haute église, de la basse église et des puséistes s’envenimait chaque jour, mais sans incidens nouveaux. Au parlement, le parti ultra-protestant eut pourtant encore quelques mauvais jours à passer. Ainsi, non content de faire adopter presque sans contestation un bill qui détruisait les restes des anciennes lois pénales contre les catholiques, sir Robert Peel en proposa un non moins odieux, plus odieux encore, qui tendait à assurer à certaines sectes dissidentes, notamment aux unitairiens, la possession, jusque-là contestée, de leurs chapelles ; mais ce qu’il y a de piquant, c’est que dans cette circonstance les ultra-anglicans eurent pour alliés les méthodistes wesléiens, et même les presbytériens libres d’Ecosse. Aux yeux des uns comme des autres, cétait ouvrir une large porte à l’infidélité, et renverser les barrières qui protégent et doivent protéger le christianisme. À cette coalition inattendue, sir William Follett, M. Macaulay, sir Robert Peel, M. Gladstone, opposèrent le langage de la justice et du bon sens. Quant aux catholiques, ils saisirent avec empressement, par l’organe de M. Sheil, cette occasion de flageller publiquement l’intolérance protestante et surtout presbytérienne. En définitive, le bill passa aux communes à 307 voix contre 117, et aux lords, malgré un discours de l’évêque de Londres, à 202 voix contre 3. Tel fut le premier succès de la campagne entreprise en commun contre l’esprit de tolérance par les anglicans et par les dissidens wesléiens. On verra plus tard que la coalition n’en fut pas découragée.

Le parti ultra-anglican fut plus heureux dans l’affaire les cours ecclésiastiques. Quelque habitué que l’on soit aux bizarreries de la législation anglaise, on est étonné l’apprendre que dans ce pays, au XIXe siècle, il existe encore une multitude de cours ecclésiastiques à la nomination des évêques, dont la compétence, fondée sur de vieilles prétentions religieuses, s’étend confusément aux questions le mariage,