Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 12.djvu/370

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de testament, de dîmes, de taxes pour les églises, et crée ainsi dans l’ordre des juridictions d’inextricables conflits. Depuis longtemps, tous les jurisconsultes de l’Angleterre, plusieurs évêques même, demandaient l’abolition de ces déplorables cours, à l’exception d’un tribunal unique dans la métropole ; mais une telle réforme blessait les préjugés ultra-anglicans, et le cabinet n’osa la proposer qu’atténuée et mutilée. De cette sorte, elle n’obtint l’assentiment ni des ultra-anglicans, qui voulaient maintenir l’état actuel, ni des libéraux, qui demandaient quelque chose de sérieux et de complet. Il fallut donc l’abandonner, comme les bills de réforme parlementaire et municipale en Irlande, et, pour cette fois, le parti ultra-anglican eut le dessus.

Il l’eut encore, pour un moment du moins, dans une tentative assez hardie qu’il fit à la chambre des lords. Conformément à l’avis de la grande commission ecclésiastique, et en vertu des pouvoirs à lui conférés par le parlement, le cabinet avait, afin de créer un évêché à Manchester, réuni les deux petits, évêchés de Bangor et de Saint-Asaph. Le parti ultra-anglican déclara que c’était là une mesure érastienne et contraire aux vrais principes de l’église épiscopale. Puis, au nom de ces principes, lord Powis proposa un bill qui avait pour but de séparer les deux évêchés, et d’annuler ainsi l’acte du cabinet. Comme on devait s’y attendre, le cabinet fit bonne résistance ; mais ce fut en vain, et bien que, dans cette circonstance, l’archevêque de Cantorbery et l’évêque de Londres vinssent en aide au lord-chancelier, le bill passa à 49 voix contre 37. Le duc de Wellington vint alors opposer à la majorité rebelle la prérogative de la reine, et contester à la chambre le droit de prendre l’initiative en matière ecclésiastique. Par ce moyen, il obligea lord Powis à retirer sa motion, et déconcerta le parti ultra-anglican. Il n’en resta pas moins démontré que ce parti, dans la chambre des lords au moins, était assez fort pour tenir le ministère en échec et pour lui imposer certaines concessions.

J’en viens maintenant aux mécontentemens intérieurs du parti tory et aux symptômes par lesquels ils se manifestèrent pendant le cours de cette session.

Si la fraction ultra-protestante du parti tory s’était montrée peu satisfaite de sir Robert Peel, et l’avait plus d’une fois entravé ou combattu, la fraction ultra-agricole du même parti ne se tenait pas au fond pour mieux traitée, et ne paraissait pas plus confiante. C’était quelque chose sans doute que d’avoir obtenu, dès le début de la session, une réponse positive aux bruits qui couraient, et la déclaration