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de lord Palmerston, ne ressemble pas plus au langage des whigs en 1842 que la politique actuelle de sir Robert Peel, par rapport à l’Irlande, ne ressemble à l’ancienne politique des tories. Il y a trois ans, les radicaux seuls demandaient la destruction de l’établissement anglican en Irlande, et lord Palmerston croyait beaucoup faire en promettant aux catholiques une loi qui leur permît de doter leurs frais leurs prêtres et leurs chapelles. Aujourd’hui, l’idée si simple d’un établissement anglican en Angleterre, presbytérien en Écosse, catholique en Irlande, pénètre partout et gagne jusqu’aux tories que n’aveugle pas la passion religieuse. C’est là ce que demandent formellement les chefs des whigs dans la chambre ; ce que préposent quelques tories éclairés, tels que M. Charles Greville, auteur d’un écrit remarquable sur cette question ; ce que ne repousse point le gouvernement ; ce qu’admet même le plus vieil organe du parti tory, le Quarterly Review, dans son avant-dernier numéro. On dirait qu’une seule question reste à juger, celle de savoir si on laissera subsister à côté de l’établissement catholique l’établissement protestant actuel, ou si on le ramènera à de plus justes proportions.. Sans doute toutes ces réformes peuvent être, pendant plusieurs années encore, ajournés par les préjugés populaires et par les intérêts politiques : elles n’en ont pas moins pris racine dans les esprits, et rien désormais ne pourra les en arracher. Qu’on dise après cela que l’Irlande, oubliée, négligée, dédaignée, il y a trois ans, n’a rien gagné à l’agitation du rappel ! qu’on dise que, malgré ses fautes, O’Connell ne lui a pas rendu les plus éminens services ! Si O’Connell et M. Polk ont, comme le prétend M. Macaulay, imposé à sir Robert Peel le bill de Maynooth, ce sont eux aussi qui ont modifié les idées et le langage de lord John Russell, de lord Palmerston, de M. Macaulay lui-même ; ce sont eux qui font qu’aujourd’hui tous les hommes sensés se prononcent pour la justice et pour la conciliation.

Que faisait pourtant l’Irlande catholique que faisait O’Connell, pendant que la question de Maynooth remuait d’un bout à l’autre l’Angleterre et l’Écosse ? J’ai regret de le dire, l’Irlande catholique se livrait à des démonstrations frivoles et à une agitation puérile. Quelques jours avant la session, O’Connell avait jugé à propos de déclarer qu’il n’irait pas au parlement, et qu’il engageait les vrais amis de l’Irlande à rester comme lui à Dublin. Convertie en décret de l’association, cette boutade d’O’Connell avait obtenu obéissance. Au lieu d’aller à Londres défendre la cause le leur pays et le leur religion, la plupart des membres irlandais catholiques s’amusaient donc à se réunir