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quelques faits assez intéressans pour la France, entre autres celui-ci. En 1844, M. Bulwer, ayant découvert qu’il y avait une différence entre certains droits payés par la France et ceux payés par l’Angleterre, adressa une réclamation formelle à M. Viluma, alors ministre. M. Viluma répondit « que, les bâtimens espagnols étant favorisés dans les ports français, il ne pouvait guère s’empêcher d’accorder à la France un privilège analogue. » Cependant il ajouta « qu’il ne pouvait ni ne voulait le faire en vertu du traité que la France invoquait, celui du pacte de famille. » M. Bulwer aussitôt s’empressa de faire observer à M. Viluma « que le pacte de famille n’était plus en vigueur, et que l’Espagne avait promis de ne le rétablir jamais ; » puis il donna avis à son gouvernement de cette circonstance. Dès que lord Aberdeen apprit que M. Bresson avait parlé du pacte de famille, il adressa à M. Bulwer, en date du 17 juin 1844, la dépêche dont voici un extrait :

« Le gouvernement de sa majesté ne peut penser que la réclamation de l’ambassadeur français en faveur du commerce de son pays n’ait d’autre fondement que l’existence supposée d’un pacte de famille entre les couronnes d’Espagne et de France. Si pourtant il en est ainsi, une pareille prétention a été très justement repoussée par M. Viluma, et, dans le cas où elle se renouvellerait, vous aurez à déclarer que vous regardez cet engagement comme annulé. Il n’est pas nécessaire de rechercher si la raison dont s’appuie M. Viluma (le changement de dynastie) est la meilleure possible. Des évènemens d’une date fort antérieure au changement qui a eu lieu dans la dynastie ont, depuis long-temps, mis fin au traité de 1761, et ces évènemens ont été suivis par un engagement solennel de l’Espagne envers la Grande-Bretagne, dans l’article séparé signé à Madrid le 5 juillet 1814, que jamais elle ne renouvellerait un traité de cette nature. Le gouvernement de sa majesté n’a pas besoin d’autre argument pour l’autoriser à protester contre tout appel qui serait fait aux stipulations de ce pacte. »

J’ai mentionné cet incident, bien qu’étranger à la lutte des partis en Angleterre, parce que j’y vois une nouvelle preuve de la cordialité qui règne en Espagne, comme ailleurs, entre les deux gouvernemens.

L’affaire du traité brésilien est d’une autre nature et beaucoup plus grave. En 1826, le gouvernement brésilien avait signé avec l’Angleterre une convention pour la répression de la traite, qui établissait un droit de visite réciproque. Cette convention étant expirée, le gouvernement brésilien, au commencement de 1845, refusa de la renouveler. Qu’imagina alors le cabinet tory ? Se souvenant d’un bill par