Fermez donc cette porte, vous me glacez.
Je m’en vais. Mais vous me promettez de me répéter ce qu’on vous a dit de moi, n’est-ce pas, marquise ?
Venez ce soir au bal, nous causerons.
Ah ! parbleu oui, causer dans un bal ! Joli endroit de conversation, avec accompagnement de trombones et un tintamarre de verres d’eau sucrée. L’un vous marche sur le pied, l’autre vous pousse le coude, pendant qu’un laquais tout poissé vous fourre une glace dans votre poche. Je vous demande un peu si c’est là…
Voulez-vous rester ou sortir ? Je vous répète que vous m’enrhumez. Puisque personne ne vient, qu’est-ce qui vous chasse ?
C’est que je me sens, malgré moi, de si mauvaise humeur, que je crains vraiment de vous excéder. Il faut décidément que je cesse de venir chez vous.
C’est honnête ; et à propos de quoi ?
Je ne sais pas, mais je vous ennuie, vous me le disiez vous-même tout à l’heure, et je le sens bien ; c’est très naturel. C’est ce malheureux logement que j’ai là en face ; je ne peux pas sortir sans regarder vos fenêtres, et j’entre ici machinalement sans réfléchir à ce que j’y viens faire.
Si je vous ai dit que vous m’ennuyez ce matin, c’est que ce n’est pas une habitude. Sérieusement, vous me feriez de la peine ; j’ai beaucoup de plaisir à vous voir.
Vous ? Pas du tout. Savez-vous ce que je vais faire ? Je vais retourner en Italie.
Ah ! qu’est-ce que dira mademoiselle ?…
Quelle demoiselle, s’il vous plaît